C'était soir de rentrée montréalaise hier pour Ariane Moffatt, qui a convié le public au MTELUS pour écouter essentiellement les chansons de son nouveau disque sorti l'automne dernier, Petites mains précieuses. De belles retrouvailles, pendant lesquelles l'auteure-compositrice-interprète nous a rappelé, au cas où on l'aurait oublié, qu'elle est encore et toujours la reine du groove.

Après une première partie assurée par Les Louanges, Ariane Moffatt est montée sur scène en entonnant J'ai du souffle pour deux, bien à l'abri dans un cocon qui s'est ouvert lorsqu'elle a commencé son nouvel hymne disco Les apparences. Sans attendre, elle s'est ensuite lancée dans La statue, portée par des musiciens dont la réputation n'est plus à faire - Philippe Brault à la basse, Joseph Marchand à la guitare, Mélissa Lavergne aux percussions et Maxime Bellavance à la batterie -, et a offert déjà un premier solo de clavier.

Dès la quatrième chanson, Pour toi, hommage à la force des femmes devenu la pièce emblématique de Petites mains précieuses, on a compris que le groove ne nous quitterait plus, mais qu'Ariane Moffatt ne ferait pas non plus de sacrifices sur le contenu. La présence de la chanteuse de gorge Sylvia Cloutier, qui a chanté en duo avec elle, aura sûrement été un des moments les plus beaux de la soirée, aussi émouvant que pertinent, et cela même si l'ambiance tenait davantage de la discothèque que de la salle de concert.

L'impression disco s'est accentuée avec Debout, succès de son précédent disque 22 h 22. Le public, déjà comblé, lui a répondu par des applaudissements longs et nourris qui l'ont laissée quelques instants sans voix.

Pari difficile, mais bien relevé

Ariane Moffatt se fait le plaisir comme d'habitude d'une reprise (The Sweetest Taboo de Sade), mais elle a surtout fait le pari de chanter l'essentiel des pièces de son nouveau disque. Pari difficile, mais bien relevé malgré tout : par exemple, en enrobant trois chansons plus sombres et lentes - Pneumatique noir, N'attends pas mon sourire et Viaduc - d'une ambiance dramatique, elle a réussi à susciter un réel moment d'écoute et de communion autour de morceaux encore méconnus du public.

Les cadeaux allaient venir ensuite, alors que la chanteuse a puisé dans son répertoire en n'y choisissant que ce qui pouvait faire danser : In Your Body, Retourne chez elle, Je veux tout, Réverbère, la nouvelle ONO complètement techno, et Miami en finale, alors que tout le MTELUS s'est transformé en immense piste de danse.

Plaisir au maximum

Toute de noir vêtue, avec comme seul élément de couleur un survêtement et une ceinture jaune fluo qui s'intégraient carrément aux éclairages stroboscopiques et aux projections à l'intérieur du cocon ouvert, Ariane Moffatt aura été debout derrière son clavier pendant presque tout le spectacle, prenant de rares fois le micro pour s'avancer vers la foule et parlant peu, sauf pour présenter ses musiciens.

Photo ALEXIS AUBIN, collaboration spéciale

Ariane Moffatt a essentiellement présenté des pièces de son album Petites mains précieuses, sorti l'automne dernier. 

Elle est revenue au rappel en chantant Imparfait de Daniel Bélanger seule au clavier, puis Bien dans rien, et s'est amusée en peu en dansant un slow collé avec sa blonde Florence sur... Careless Whisper de Wham ! Quand Les Louanges est revenu la rejoindre pour chanter Point de mire et faire du body surfing avec elle - « Ça a l'air que c'est redevenu à la mode de faire du body surfing sur de la musique chill », a rigolé la chanteuse -, le plaisir était, il faut le dire, au maximum sur la scène et dans la salle.

À l'évidence galvanisée, Ariane Moffatt a annoncé en surprise qu'elle assurerait l'ouverture des Francos sur la scène extérieure de la place des Festivals, avant de clore le spectacle avec la très belle La main. Un moment de tendresse et de douceur au bout d'une soirée pleine de chaleur et de connivence : Ariane Moffatt est encore là, a des choses à dire, des gens à faire danser et une voix unique pour lier le tout. Et c'est sur scène qu'elle en fait le mieux la démonstration.

Photo ALEXIS AUBIN, collaboration spéciale

Les Louanges a assuré la première partie du spectacle.