D'abord, les nouveautés, ensuite, les classiques. C'est un spectacle en deux temps qu'a offert Metallica hier au parc Jean-Drapeau, devant quelques dizaines de milliers de spectateurs.

Il y avait quelque chose de bien particulier dans l'air de Montréal quelques heures avant les premiers accords de James Hetfield et sa bande.

Avant d'affronter les 135 minutes de riffs impitoyables promis par le programme, les amateurs devaient se taper une marche d'une demi-heure (!) entre la sortie du métro et la scène, repoussée aux confins du parc en raison de travaux de rénovation sur le lieu habituel. Les métalleux n'ont pas rouspété, marchant pour la plupart dans la bonne humeur.

La météo incertaine avait aussi de quoi inquiéter. Une heure avant l'arrivée des quatre héros de la soirée, le ciel a déversé sa colère sur la tête des mélomanes, qui ont pour la plupart accepté de braver l'offensive tête nue.

Pendant quelques minutes, ça ressemblait dangereusement à la pochette de Ride the Lightning, les éclairs en moins. Les valeureux amateurs ont vite été récompensés: le torrent a pris fin pendant la prestation d'Avenged Sevenfold et le ciel a retrouvé un bleu paradisiaque qui semblait un peu suspect au-dessus de ces milliers de mains aux doigts dressés en forme de diable cornu.

Les nouveautés d'abord

Alors, ce spectacle? Il était d'abord très différent du dernier offert dans la métropole par Metallica (Heavy Montréal, 2014). Il y a trois ans, le quatuor avait gâté ses fans en ne jouant que leurs demandes spéciales, ce qui nous avait permis de goûter à plusieurs classiques, dont la très rare et exceptionnelle Orion.

Hier, c'était l'inverse: le groupe s'est fait plaisir en jouant plusieurs titres du récent Hardwired... to Self-Destruct. Dans la première heure, nous avons eu droit à Hardwired (parfait début de concert), Atlas Rise!, Now That We're DeadHalo on Fire et Moth into Flames.

Bien que très bien exécutés, ces nouveaux morceaux n'ont pas tellement fait lever le parterre, sur lequel se sont développés de timides mosh pits.

Quelques vieux tubes se sont frayé un chemin dans cette séquence, dont The Unforgiven et From Whom the Bell Tolls, pendant laquelle le guitariste Kirk Hammett a semblé faire mal à la barre de vibrato de son instrument. «Nous allons aussi jouer de vieilles chansons», a promis James Hetfield avant Moth into Flames, comme s'il voulait rassurer les puristes qui n'ont rien aimé après...And Justice for All.

Parole tenue

Le chanteur et guitariste a tenu parole en deuxième moitié de spectacle. Après une magnifique impro de Kirk Hammett et de Rob Trujillo, le groupe a livré Motorbreath, l'une de ses premières chansons. À partir de ce moment, les musiciens ont oublié leurs albums des années 2000 et ont enchaîné avec les incontournables Sad But TrueOneMaster of PuppetsFade to Black et autres Seek and Destroy. Du rappel, on retiendra l'indémodable ballade Nothing Else Matters et l'hymne rock Enter Sandman.

La scène d'une taille épique, les écrans gigantesques, les solos grinçants, l'énergie de Lars Ulrich à la batterie: tout était là. Était-ce le meilleur concert de Metallica auquel nous ayons assisté? Non. La soirée a-t-elle été réussie? On peut dire ça.

Les succès d'Avenged Sevenfold

En première partie, Avenged Sevenfold a offert une compilation de ses succès (dont Almost EasyHail to the KingNightmare et l'incontournable Bat Country), sans oublier quelques vieux hits, dont la toujours très solide Unholy Confessions. On aurait aimé entendre plus de morceaux du récent The Stage, excellent album-concept racontant la création de l'univers et de la Terre (rien que ça!), mais nous n'avons eu droit qu'au morceau éponyme. Les fans d'A7X, pour les intimes, devront se reprendre à leur prochain arrêt à Montréal.

Photo Olivier PontBriand, La Presse

Les amateurs de métal ont bravé la météo incertaine pour venir écouter Metallica.