Ça a commencé tout doucement par Céline Dion chantant dans la pénombre, sans accompagnement musical, Trois heures vingt, sa chanson d'une autre époque qu'on avait entendue au début des funérailles de René Angélil. Et ça s'est terminé par Vole, écrite pour la nièce Karine, mais qui s'adresse aujourd'hui au mari disparu qu'on apercevait de dos dans une étreinte avec sa femme sur l'écran au centre de la scène.

Ça a commencé tout doucement par Céline Dion chantant dans la pénombre, sans accompagnement musical, Trois heures vingt, sa chanson d'une autre époque qu'on avait entendue au début des funérailles de René Angélil. Et ça s'est terminé par Vole, écrite pour la nièce Karine, mais qui s'adresse aujourd'hui au mari disparu qu'on apercevait de dos dans une étreinte avec sa femme sur l'écran au centre de la scène.

Oui, René Angélil est omniprésent dans le spectacle de cette tournée qu'il a lancée et dont c'était vendredi le premier de neuf spectacles à guichets fermés à l'AccorHotels Arena de Paris, après deux soirs en Belgique. Longuement ovationnée par ses fans parisiens, Céline Dion a dû patienter un peu avant de pouvoir chanter, tout de suite après Trois heures vingt, Encore un soir, la chanson inspirée de son mari que lui a donnée en cadeau Jean-Jacques Goldman, accueillie vendredi comme un grand succès.

Pourtant, ce spectacle célèbre davantage la vie, et la musique, qu'il ne pleure la mort, misant sur ce que Céline Dion fait de mieux : mettre sa voix exceptionnelle au service de chansons qui, nous a-t-elle dit vendredi, sont autant d'épaules sur lesquelles elle peut s'appuyer. 

Il y a dans ce spectacle qu'on verra au Québec à compter du 31 juillet, au Centre Bell, de l'audace, de l'élégance et un plaisir tangible et contagieux.

L'audace, c'est la décision ferme de la chanteuse de profiter d'une occasion où elle n'a pas encore de nouvel album sur le marché pour ressortir des chansons moins connues de son répertoire, dont plusieurs de l'album 1 fille et 4 types. Du Jean-Jacques Goldman, bien sûr, mais moins célébré que les monuments D'eux et S'il suffisait d'aimer, l'autre disque dans lequel elle a beaucoup pigé vendredi. C'est en parlant de ces chansons moins entendues qu'elle a présenté Ordinaire, la « chanson immense » de Charlebois réécrite par Mouffe, dont on a tout de suite constaté qu'elle était faite sur mesure pour elle. Ce cri du coeur accentué par le crescendo orchestral a été chaudement applaudi par le public parisien et fera sans doute un malheur au Québec.

L'élégance, c'est les 29 musiciens et choristes sous la direction de Scott Price, tous vêtus de noir, qui accompagnent la chanteuse, dont des sections de cordes et de cuivres qui ajoutent des couleurs à ses chansons quand elles ne les transforment pas carrément. C'est également les éclairages qui, autant que les projections sur les écrans cinétiques derrière, servent magnifiquement les chansons, en particulier la forêt de tubes colorés qui vont et viennent en donnant parfois l'impression de danser au-dessus de la scène.

DE L'ÉNERGIE ET DU GROOVE

Malgré la sobriété de plusieurs segments de ce spectacle, rarement on a eu l'impression que Céline Dion s'amusait autant sur une scène, ces dernières années. Il fallait la voir, pendant l'énergique Dans un autre monde, faire la clown accoudée au piano puis se trémousser comme le font Bruce Springsteen et ses copains de l'E Street Band dans leurs moments de folie. Comme si le fait de retourner dans un aréna après avoir fréquenté surtout la scène du chic Colosseum de Las Vegas avait un effet libérateur sur la chanteuse.

C'était manifeste dans les chansons plus rythmées comme Love Can Move Mountains et River Deep, Mountain High qui gagnaient nettement en énergie et en groove, ainsi que dans des emprunts très fidèles et pourtant plus intenses que ce qu'on a entendu à Las Vegas de Purple Rain, de Prince, et The Show Must Go On, de Queen, qui, transportée par l'enthousiasme juvénile du public parisien, est devenue vendredi un véritable hymne. 

Les grandes chansons comme L'amour existe encore et S'il suffisait d'aimer gagnaient, elles, en émotion dans cet écrin orchestral.

Il y avait aussi dans ce spectacle des petits moments amusants, comme cette idée de Céline Dion de greffer à Ce soir on danse à Naziland le thème musical de Law and Order, la télésérie préférée de René Angélil, ou encore cette reprise de Valse adieu à saveur gospel servie a cappella par la chanteuse et ses trois choristes. Tout semblait permis.

Il y avait surtout une chanteuse très en voix qui, ayant renoncé aux habituels changements de costume, a donné l'impression de gagner en énergie tout au long des deux heures qu'elle a passées sur scène. L'autre bonne nouvelle, c'est qu'il y avait très longtemps, à l'exception de concerts-événements çà et là, qu'on n'avait entendu Céline Dion chanter autant en français. Il s'était écoulé une cinquantaine de minutes quand elle s'est lancée dans une première chanson en anglais, Because You Loved Me.

Nous aurons l'occasion de discuter avec Céline Dion au cours des prochaines heures de cette tournée qu'elle a qualifiée vendredi de « grande étape » pour elle.