Trois ans après avoir créé la cohue autour de l'Olympia, où il se produisait à guichets fermés, Ed Sheeran était de retour à Montréal, mais cette fois dans le vaste Centre Bell.

Il en a peu profité, offrant plutôt aux 16 000 spectateurs présents un spectacle intimiste et dépouillé. C'est seul que le jeune rouquin britannique est monté sur scène pour lancer le spectacle avec I'm A Mess. Et c'est seul qu'il est resté sur scène pendant près de deux heures.

Sans choriste, danseur ou musicien. Seulement armé de sa guitare devant un mur d'écrans géants permettant aux gros plans sur lui d'être projetés dans des cases multiples de façon graphique et dynamique.

Un impressionnant, habile et rare triomphe de l'authenticité.

Les admirateurs indéfectibles de l'auteur-compositeur-interprète auraient pu plébisciter cette formule (sans doute très lucrative pour Sheeran) pendant deux heures de plus. Pour les autres, le spectacle pouvait s'avérer répétitif et longuet.

À son image médiatique, Ed Sheeran est un artiste sympathique, authentique et sans artifice sur scène. Il suffit qu'il interprète les premières notes de ses tubes Lego House et Thinking Out Loud pour que son public chéri soit (et crie) aux anges avant de fredonner toutes les paroles par coeur.

Sheeran incarne un antihéros musical accessible au charme plus grand que les atouts physiques. 

«Cela fait longtemps que je suis venu à Montréal. Je suis content d'être ici», a lancé le rouquin à la foule simplement, sans faux-semblants. Avant le rappel, il a parlé «techniquement» d'une dernière chanson. Il a de la répartie, ce Ed Sheeran.

Pour donner du rythme à ses chansons folk-pop vitaminées de hip-hop, Sheeran utilisait une pédale (loop pedal) lui permettant d'enregistrer des séquences et de jouer les unes sur les autres, et de parfois déposer sa guitare pour rapper avec fougue au micro.

Pour varier le ton et illuminer le Centre Bell de lampes de poche de téléphones intelligents, Sheeran pouvait aussi compter sur ses ballades, dont Photograph et Tenerife Sea.

Il a également offert au public une nouvelle composition (son hymne à la marijuana déguisé en chanson d'amour?) et réuni des chansons en medleys pimentés de reprises. Soulignons celui enchaînant ses tubes Take It Back et Superstition avec Ain't No Sunshine de Bill Withers.

Une formule à l'avenir limité

Ed Sheeran a vendu des millions d'exemplaires de ses albums + et x, le plus écouté sur le service d'écoute en ligne Spotify en 2014.

Il a écrit des chansons pour One Direction, Taylor Swift, ainsi que pour les bandes originales des films The Hobbit: The Desolation of Smaug et The Fault in Our Stars. Il a collaboré avec l'incarnation de Monsieur cool, Pharrell Williams. Il a réussi à briser son image de coqueluche des adolescentes.

Sheeran a du talent comme auteur-compositeur, mais aussi comme interprète. Rares sont les musiciens de 24 ans qui peuvent se produire en homme-orchestre au Centre Bell devant 16 000 personnes dans une atmosphère chaleureuse digne d'un petit bar où tout le monde se connaît.

Chapeau pour cette aisance sur scène et cette proximité si facilement créée avec le public. En termes de spectacle, la formule solo actuelle d'Ed Sheeran a toutefois un avenir limité.

En attendant, ses admiratrices peuvent n'avoir d'yeux et d'oreilles que pour lui.