C'est bien connu, les fans d'Iron Maiden sont fidèles, intenses et totalement dévoués. Parlez-en à Guns N' Roses qui, en 1988, assurait la première partie du groupe britannique. Axl Rose s'était alors exaspéré d'entendre les fans scander «Maiden! Maiden! Maiden!» entre chaque chanson...

Mercredi soir, au Centre Bell, ils étaient 12 240 entassés dans les gradins pour assister à la «reprise» du spectacle de 1988 de la tournée Seventh Son of a Seventh Son.

Et la magie était au rendez-vous. Pendant près de deux heures, le groupe n'a enchaîné que des classiques de leur répertoire, tirés de la tournée de 1988: Moonchild, Can I Play With Madness, The Prisoner, 2 Minutes to Midnight, The Trooper, The Number of the Beast, Phantom of the Opera, Run to the Hills, Wasted Years, Seventh Son of a Seventh Son, The Clairvoyant, Iron Maiden, Aces High, The Evil that Men Do et Running Free.

La liste a été complétée par l'ajout de deux titres tirés de l'album Fear of the Dark de 1992, la pièce éponyme Fear of the Dark et Afraid to Shoot Strangers.

Et les gars de Maiden étaient en grande forme pour ce 11e spectacle de la tournée Maiden England 2012. Particulièrement Bruce Dickinson, extrêmement en voix, et le bassiste Steve Harris.

La scène complexe reprenait le royaume de glace de la tournée Seventh Son of a Seventh Son, avec deux «Eddie» géants apparaissant à l'arrière de la scène durant les pièces Seventh Son of a Seventh Son et Iron Maiden. Un autre Eddie géant, costumé en général de la cavalerie américain, est venu se balader sur scène durant Run to the Hills.

Pas de projections, de gadgets numériques ou d'écrans géants surdimensionnés. Un bon show «comme dans le temps» où on pouvait se concentrer sur ce qui se passe sur scène et non «dans la grosse TV» au-dessus de celle-ci.

Petit bémol, la qualité du son, particulièrement des guitares, était plutôt moyenne, ce qui empêchait de savourer pleinement les harmonies de guitares et les solos complexes qui donnent toute la richesse à la musique de Maiden.

Rien à redire sur le travail du batteur Nicko McBrain et des guitaristes Dave Murray et Adrian Smith. Par contre, Janick Gers devrait se concentrer à jouer de la guitare plutôt qu'à faire des pitreries et à trottiner sur la scène comme un étrange hybride de David Lee Roth et de Lita Ford. Il a entre autres complètement bousillé le «riff» de Wasted Years en tentant de le jouer par-dessus son manche de guitare...

Mais rien de bien grave et surtout rien qui n'empêchait de savourer pleinement la performance époustouflante et exceptionnelle livrée par ce groupe unique et légendaire.

Du grand Alice

C'est à Alice Cooper que revenait la difficile tâche de «réchauffer» le public exigeant d'Iron Maiden. Et on peut dire sans l'ombre d'un doute que c'est mission accomplie pour cette légende vivante.

En fait, la performance de Vincent Damon Furnier valait à elle seule le prix du billet et aurait volé la vedette à n'importe quel autre artiste qu'Iron Maiden.

En environ 50 minutes, Alice, qui ne fait certes pas ses 64 ans, a sorti ses classiques, tant sur le plan musical - avec les School's Out, I'm Eighteen, Hey Stoopid, No More Mr. Nice Guy, Feed My Frankenstein, Billion Dollar Babies et Poison - que sur le plan théâtral.

Toute la panoplie y a passé. Les tours de magie, le serpent dans le cou, le caméraman transpercé par un pied de micro pendant Wicked Young Man, un Frankenstein géant à la Eddie dans Feed My Frankenstein...

Le spectacle s'est terminé par un autre grand classique: Alice se fait guillotiner pendant la chanson I Love the Dead et le bourreau exhibe fièrement sa tête au public. Mais le chanteur réapparaît vêtu d'un chandail du Canadien et d'un chapeau haut-de-forme pour la dernière pièce, School's Out, avec confettis, serpentins, ballons géants et tout le tralala.

Fait à noter, Alice a recruté en 2011 la guitariste virtuose australienne Orianthi Panagaris. Lorsqu'on la voit jouer, on comprend pourquoi Steve Vai et Carlos Santana l'ont pris sous leur aile et qu'elle avait été recrutée par Michael Jackson pour la tournée This Is It.

La combinaison Alice Cooper-Iron Maiden était explosive et spectaculaire. On s'attendait à une grande soirée et on n'a pas été déçu.

Une soirée qui est à ranger parmi les grands classiques, rien de moins.