Décidément, cette semaine était celle des amateurs de dance-pop: après Lady Gaga et Duran Duran, au tour de la diva australienne Kylie Minogue de s'offrir en spectacle pour sa toute première performance à Montréal en plus de 20 ans de carrière.

Enfant de la balle, Kylie Minogue était déjà une star à 11 ans, apparaissant dans les séries télé australiennes, avant d'aller pousser la note. Premier essai fructueux: sa version de Loco-Motion fut le succès de l'été australien 1987 et de l'hémisphère Nord six mois plus tard. L'Angleterre l'a adoptée, toute l'Europe l'a ensuite célébrée, Minogue est devenue une puissante icône pop d'un continent à l'autre... sauf en Amérique.

Cela explique pourquoi Kylie a mis si longtemps avant de visiter ses fans montréalais - ils étaient 6500 hier soir. Assurant la promotion de son nouvel album, Aphrodite, Minogue a enfin déballé son cirque pop, ses costumes extravagants et sa troupe de quinze danseurs pour divertir son public pendant deux longues heures.

Le spectacle était conçu en sept clinquants tableaux, avec leurs éclairages, projections, costumes et thématiques. Le premier était d'un kitsch consommé. En ouverture, Kylie Minogue a émergé du palier surélevé debout dans un coquillage telle la Vénus naissante de Botticelli. Et boum-boum-boum la rythmique house pour la chanson titre de son récent album.

Le ton était donné, mais la température n'avait pas encore grimpé, sans doute parce que la foule était encore éblouie par ses paillettes et son décor de Parthénon en papier-mâché - on se serait cru au Caesar's Palace de Las Vegas.

Il a fallu le début du deuxième acte pour que le public commence à frissonner: Cupid Boy, de son dernier disque, passe pour un hommage à son vaste et fidèle public gai, évidemment bien représenté au Centre Bell. Dans une robe à crinoline noire et coiffée d'un haut-de-forme, la diva a alors chanté entourée de danseurs simplement vêtus d'un caleçon et d'un chapeau noirs.

De tout ce fouillis de couleurs, de costumes et de projections lumineuses à vous calciner la rétine se dégageait néanmoins une légèreté enchanteresse, bon enfant et sans prétention. Oui, c'était kitsch, mais on se laissait peu à peu séduire par la belle et délicate diva. Économe de ses mouvements en début de spectacle, elle s'est lentement jointe à la danse - pas de manière aussi physique que Madonna, certes, mais l'Australienne bouge avec sensualité. Sexy, Kylie, mais jamais vulgaire, contrairement à plusieurs de ses consoeurs qui ont eu plus de succès qu'elle en Amérique...

Aussi différents qu'incongrus, les actes du spectacle ont défilé avec les succès euro-pop. Spinning Around a marqué le début officiel de la fête. Plus tard, son plus gros succès, Can't Get You Out of my Head, a été étrangement accueilli, et pour cause: en lieu et place de la redoutable rythmique prog-house, Kylie a offert une version rock de son tube. Légère déception.

Or, la belle Kylie a gardé le meilleur pour la seconde moitié de la soirée. Pendant la ballade Slow, l'accompagnement était minimal; tout d'un coup, on entendait l'orchestre jouer pour vrai, et la chanteuse nous démontrer qu'elle a une voix. Un joli timbre nasillard, sans grande tessiture, mais une voix juste qu'elle a mise à profit pendant sa reprise Hi-NRG de There Must Be an Angel d'Annie Lennox. Avant le rappel, elle a badiné avec la foule et pris des demandes spéciales. C'était franc, généreux, spontané. Les fans ont attendu longtemps avant de voir la diva de près, et on sentait qu'elle voulait les en remercier.

Tout de même, nous sommes repartis un peu déçus. Elle n'a pas fait la Loco-Motion...