Pas étonnant que Brad Paisley ait remporté le trophée du meilleur «entertainer» lors de la récente remise des Country Music Awards (l'équivalent country américain des Félix): le gars sait vraiment divertir et toucher les spectateurs à coups de super chansons et d'une présence sur scène peu commune. Hier, le Théâtre du Centre Bell - rempli en grande partie d'admirateurs de 18 à 30 ans! - a succombé au talent du beau Brad, qui se produisait pour la première fois au Québec.

Excellent spectacle de Paisley, qui a su ravir 7713 fervents spectateurs (le Théâtre du Centre Bell était la plus «petite salle» de la tournée, le chanteur remplissant des stades de l'autre côté des frontières) avec ses chansons country à la fois «vintage» et contemporaines. Pour reprendre l'expression de MC Solaar, c'était vraiment du «western moderne», cool, pour ne pas dire carrément hip. En tout cas, la foule l'était, elle, et la vente de bière n'a pas dérougi, sans que ça devienne désagréable. En fait, l'humour régnait: juste l'introduction du spectacle avait de quoi faire rire, avec son clin d'oeil à Elvis (les premières notes de Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss) sur des images à couper le souffle de montagnes enneigées avant que le nom de la tournée (H20 World Tour) n'y «fonde»...

Capable de plaire aux filles parce qu'il est franchement «cute», qu'il les fait rire et sait leur parler d'amour, capable de plaire aux gars parce qu'il est franchement très bon à la guitare, qu'il les fait rire et sait leur parler de bière et de pêche, Paisley a donc réussi à attirer un public étonnamment jeune, où les fans de country de longue date ne se sentaient pas pour autant de trop (le chapeau western a le tour pour mettre tout le monde au même niveau...).

C'était à un spectacle country du 21e siècle que ce public était convié, avec une vraie mise en scène, des projections pertinentes, une scène très bien utilisée (sur deux étages, plus trois avancées dans la foule et une plus petite scène au fond du Centre Bell), six excellents musiciens (violon, pedal steel, guitare, basse, batterie et, parfois, des claviers) et des écrans géants qui servaient à autre chose qu'à simplement regarder le chanteur de proche. Mais c'était  surtout de la très bonne musique sur de très bons textes, chantée par un gars sérieusement doué et musicien accompli sur une six cordes. C'est Paisley qui fait tous les solos de guitare, et ça torche, en bon français

Pendant presque deux heures, il n'a joué que des «hits»: après Water (avec des projections hallucinantes et hilarantes), se sont succédés Online, American Saturday Night, Wrapped Around, She's Everything, This is Country Music (superbe hommage au country d'hier et d'aujourd'hui), Celebrity (avec une espèce de mascotte de Brad à l'écran, puis sur scène), Waitin' On A Woman (sur un beau clip où figure l'acteur Andy « Matlock » Griffith), la sympathique chanson Beer (pendant lequel Paisley quitte la scène principale, se promène dans le Centre Bell parmi les spectateurs tout en jouant de la guitare, pour se rendre à la petite scène intime), Letter To Me (magnifique chanson à l'intention des gens de 17 ans... à la fin de laquelle Paisley est retourné vers la scène principale en marchant parmi les spectateurs tout en jouant de la guitare). Et après? Après, ça a été Mud On The Tires (super chanson d'amour, sur le mode souriant, où il a chanté pour l'occasion «we'll have a ball/here in Montreal»), I'm Still A Guy (une toune crapante sur les différences hommes-femmes), Time Warp (une instrumentale illustrée sur grand écran par des dessins faits par le beau Brad et montés en film d'animation)...

Et ensuite? Ensuite, Alison Krauss (sur film) a interprété avec le chanteur le magnifique et poignant duo qu'est Whiskey Lullaby (sur l'alcoolisme de gens qu'on aime...). Paisley a poursuivi avec The World (la toune dont toutes les femmes aimeraient être l'inspiration), la rigolote I'm Gonna Miss Her (The Fishing Song), la très énergique Welcome To The Future, pour finir par Then (OK, l'autre toune dont toutes les femmes aimeraient être l'inspiration!). Il a achevé la salle en faisant en rappel la désopilante Ticks et l'incroyable hymne Alcohol, accompagné sur scène de spectateurs, bières à la main, et des deux chanteurs qui ont ouvert la soirée.

Car il y avait deux «premières parties». D'abord, Jerrod Niemann, qui a repris Mountain Music du groupe Alabama, chanté quelques-unes de ses chansons (What Do You Want, Lover, Lover...) et interprété une très bonne version de Pride and Joy de Stevie Ray Vaughan, entrecoupée d'un peu de... Metallica!

C'était ensuite le tour de Darius Rucker, oui, le chanteur du défunt groupe Hootie and The Blowfish. Converti au country, il a chanté quelques-unes de ses bonnes nouvelles chansons (Alright, Come Back Song, It Won't Be Like This For Long...) et trois des succès du temps de Hootie, en version country (Hold My Hand, Only Wanna Be With You, Let Her Cry, toutes trois de 1995), avant de terminer par... une reprise de Purple Rain de Prince, en mode country là aussi. Diversifié, vous avez dit?

Oui. Et généreux. À la toute fin du show, Paisley a pris son chapeau de cowboy et l'a offert à un spectateur! Brad, reviens.