Tout un programme double pour les fans de rock alternatif britannique des années 80: la formation art-pop-punk The Psychedelic Furs, mieux connue pour son succès Pretty in Pink (du film du même nom) et les survivants de la scène musicale de Manchester Happy Mondays ont gâté les Montréalais hier soir, au Théâtre Olympia. Soirée nostalgique tout croche, mais hautement sympathique.

D'emblée, soyons parfaitement honnêtes. En mettant les pieds dans cet Olympia à moitié plein pour la toute dernière escale de cette tournée-souvenir mettant les Furs en tête d'affiche, je m'attendais au pire. Des Furs, pour être précis, je n'espérais plus grand chose, et des Happy Mondays, j'espérais seulement que les autorités frontalières acceptent de faire entrer Shawn Ryder au pays, histoire de dire que j'aurai vu cette épave d'une époque révolue sur scène, chez nous, une fois dans ma vie.

Ryder, une épave? Ses excès, son abus des drogues et ses écarts de conduite sont aujourd'hui affaire de légende, et sans vouloir entrer dans les détails, on pourrait seulement vous référer au film 24 Hour Party People, le film de Michael Winterbottom sur la scène «Madchester» de la fin des années 70 (Joy Division) au début des années 90 (fin des activités du label Factory Records, qui a mis au monde Happy Mondays).

Sur scène, Ryder n'est plus aujourd'hui que le seul membre original des Mondays. Son frère Paul et lui ne se parlent plus depuis une dizaine d'années. Le danseur, accessoirement percussionniste et mascotte officielle de Happy Mondays, Mark «Bez» Berry, lui, n'a pas eu droit de visite au Canada. Néanmoins, le chanteur n'était pas du tout la loque humaine qu'on pouvait attendre. Blouson noir, lunettes fumées, la main dans la poche avant de son jean, il ressemblait à un Bashung, la classe en moins.

Lorsqu'il ouvrait la bouche pour nous causer, son accent à couper au couteau le rendait presque inintelligible. Lorsqu'il chantait cependant, l'esprit des Happy Mondays revivait sur scène, et ce fut amplement pour satisfaire les fans. Certes, ses interprétations n'avaient plus le mordant, le côté frondeur et baveux, de la belle époque du groupe, mais l'orchestre de jeunots (dont son neveu, à la batterie) reproduisait convenablement les classiques du groupe.

Oh!, ça jouait un peu tout croche, et surtout la sonorisation était carrément atroce, mais lorsque les Happy Mondays version 2009 ont lancé le bal avec Kinky Afro (la première chanson du classique Pills 'n' Thrills and Bellyaches), les fans étaient conquis. Le groupe, faut-il rappeler, a parfaitement capturé l'esprit pop underground de l'époque, maquillant un groupe rock-pop avec les apparats électroniques de la scène acid house/rave émergente de l'époque. Les grooves des Mondays vieillissent plutôt bien!

Bon, le groupe tenait à nous servir des chansons de Uncle Dysfunktional, l'album du retour lancé il y a deux ans (les Jellybean et Anti Warhole on the Dancefloor), mais lorsque résonnaient les premières accrocheuses mesures de Loose Fit, Hallelujah ou Step On (en fin de spectacle), l'ambiance montait d'un cran. Même pas besoin d'ecstasy pour apprécier...

Après avoir profité de l'entracte pour faire un saut au National, où We Are Wolves lançait son troisième album, Invisible Violence, nous sommes retournés à l'Olympia pour constater que The Psychedelic Furs jouait beaucoup mieux, que la sonorisation s'était améliorée, mais que le son du groupe, lui, a plutôt mal vieilli.

Cliché du groupe-type des années 80, les musiciens étaient tous vêtus de noir et offraient une pop-cold wave surannée, mauvais solos de saxophone en prime. Du groupe, reste toujours le noyau dur, les frères Butler, Richard le chanteur - visiblement ravi de jouer à Montréal, et dans une forme admirable - et Richard, le bassiste (détail intéressant: la claviériste Amanda Kramer faisait partie du groupe Information Society).

Les fans se sont tout de même satisfait des classiques du groupe, des titres qui ont, à leur manière, marqué les années 80: Pretty in Pink, évidemment, mais aussi les The Ghost in You, She Is Mine (au rappel), In My Head, Love My Way, Sister Europe... Bien exécutés, rare occasion de voir les Furs sur scène, deux bonnes raisons pour quitter l'Olympia satisfaits.