Depuis ses débuts il y a huit ans, Nicola Ciccone est toujours sorti de sa zone de confort. Il a d'abord chanté en français alors que l'anglais et l'italien étaient ses langues maternelles. Aujourd'hui, alors qu'il connaît le succès en français, il présente un répertoire en anglais et lançait dernièrement Storyteller, un album in english. Hier soir, au Cabaret du Casino de Montréal, il poussait l'expérience jusqu'à interpréter en anglais près de la moitié de son spectacle. Et le public l'a suivi dans cette zone où le français, l'italien et l'anglais se côtoient sans acrimonie.

On ne se le cachera pas: ce sont encore les chansons dans la langue de Michel Tremblay - c'est-à-dire celles qu'on connaît déjà - que les nombreux spectateurs ont applaudi plus chaleureusement: Trésor, Pyromane, La beauté des petites choses, Nous serons six milliards, J't'aime tout court, etc. - sans oublier la reprise de Me and Bobby McGee que Ciccone interprète depuis des années sur scène.

 

Mais la vérité, c'est que les nouvelles chansons en anglais ont souvent été très appréciées, avec raison, et tant Bambolina («une berceuse pour adultes») que Love Is a Rock'n'Roll Song, September Skies ou Jack Daniels&Me ont eu droit à des applaudissements très nourris.

Soutenu par quatre musiciens pop et deux violoncellistes (à qui on pourrait laisser un tout petit peu plus de temps pour s'installer - un coup parti, on pourrait peut-être rapprocher les musiciens, qu'il y ait un peu plus de connivence?), Ciccone a également multiplié les interventions parlées. Parfois un peu maladroites («Contrairement aux femmes, on peut avoir plusieurs langues sans être infidèle»), parfois heureuses («Comment on appelle ça, savoir parler aux femmes? On appelle ça... écouter!» - on est obligé de lui donner un peu raison), parfois émouvantes (combien de gens ont réalisé que les prénoms de femmes qu'il encensait avant Little Girl étaient ceux de toutes les jeunes femmes tuées à Polytechnique?), elles permettent toujours aux spectateurs de «cliquer» véritablement avec le jeune homme et son univers.

Au final, la foule qui se pressait au Casino a beaucoup apprécié sa soirée - et aurait sans doute pris un ou deux succès de Ciccone de plus (ça criait Un ami dans le fond de la salle). Séduits par l'auteur-compositeur polyglotte, ses dons d'animateur de foule qui prenaient plus de place à mesure que la nervosité de la première se calmait, ses mots tout simples, sa manière d'habiter ses chansons et de les offrir - et l'excellente idée de finir par des chansons en français -, les spectateurs sont sortis ravis de leur soirée. Ça tombe bien, ils pourront retourner au Casino, où Nicola Ciccone se produit jusqu'au 16 novembre, ainsi qu'en supplémentaire, du 18 au 21 mars 2009.