Bien qu'il sorte son nouvel album seulement dans deux mois, Tame Impala remplit le Métropolis deux soirs de suite.

Le spectacle donné dans la même salle en mars 2013 avait été mémorable. Celui de mercredi s'est avéré une autre belle messe rock psychédélique moderne. Une sorte de rodage destiné à un public privilégié. 

En spectacle, Tame Impala est à l'image de sa musique tripative et antidépressive, à la fois relaxante et explosive. Et il fait partie de ces groupes spécialement (et honnêtement) attachés à Montréal.

Pour le premier de ses deux spectacles montréalais à guichets fermés, mercredi soir, le groupe australien articulé autour de Kevin Parker est une fois de plus entré rapidement en communion avec la foule.

Du nouvel album de Tame Impala attendu le 17 juillet, Currents, le public connaissait les quatre extraits déjà lancés, dont Let It Happen, sorti en mars dernier. Après des ajustements sonores et quelques excuses chaleureuses en français, le spectacle s'est ouvert avec cette odyssée électronique de 8 minutes.

Dixit Kevin Parker, Currents sera plus dansant, électronique et collectif. En entrevue avec NME, le moteur créatif de Tame Impala a dit vouloir changer le contexte d'écoute contemplatif et solitaire que suscitait selon lui l'album précédent, Lonerism, auréolé d'un grand succès d'estime.

Tame Impala a justement enchaîné avec Mind Mischief, pièce phare de Lonerism. Quoi qu'en dise Parker, la foule jubilait en symbiose et non en mode introspection.

Tame Impala a peut-être voulu prendre un chemin différent sur son troisième album, mais il ne renie pas son excellent jeune catalogue dans sa présente tournée. Mercredi, les Australiens décontractés (qui contrastent de façon hilarante avec leurs techniciens vêtus d'un sarrau) ont notamment offert à la foule un doublé du premier album Innerspeaker avec It Is Not Meant to Be et Alter Ego.

Après le nouveau titre, garni grassement de claviers, Eventually, la foule a dansé fougueusement sur les accords hard rock led zeppelinesques d'Elephant. Pieds nus comme d'habitude sur scène, Parker s'est alors montré plus vigoureux, lui qui incarne tout ce qui est contraire au stress.

Tient-il tant à faire danser le public ou si c'était une simple boutade d'entrevue? Peu importe, le public de mercredi ne demandait qu'à se faire gaver de coups de batterie haletants, de claviers transcendants et de guitares fuzzées. Et les spectateurs du parterre ont dansé tout en sueur. Il y avait longtemps que nous avions vu autant de body surfing et de visages en transe.

Tame Impala donne dans le rock exploratoire au psychédélisme mélodique. Mercredi, son public montréalais a encore vibré dans son beau délire sonore avec du bonheur pop-psychédélique jubilatoire. Même quand Kevin Parker, avec ses allures de gourou zen, a simplement activé des projections ondulatoires avec les cordes de sa guitare.

«Vous n'en avez aucune idée», a lancé Kevin Parker à la foule après lui avoir dit à quel point il aimait venir se produire à Montréal.

Quoi rajouter.

En première partie: Mini Mansions

Quelques mots sur la première partie assurée par Mini Mansions, trio psyché-pop sombre composé de Zach Dawes, Tyler Parkford et du bassiste de Queens of the Stone Age Michael Shuman.

Mercredi soir, le groupe n'a pas été aussi convaincant que son deuxième album sorti en mars dernier, mais il vaut la peine de prêter une oreille à The Great Pretenders, sur lequel figurent le grand Brian Wilson et Alex Turner d'Arctic Monkeys.