Véronique Sanson l'a dit juste avant Comme je l'imagine, la deuxième chanson au programme de son concert de vendredi au théâtre Saint-Denis: elle allait «forcément» raconter sa vie et partager avec le public montréalais, qu'elle a peu fréquenté pendant longtemps, ses «bonheurs et petites douleurs».

Ce qu'elle a fait pendant un peu moins de deux heures, assise au piano ou arpentant la scène, tout sourire, en tapant des mains pendant les chansons plus rythmées. Avec, pour l'accompagner, huit musiciens et deux chanteurs à côté desquels elle avait l'air d'une Lilliputienne.

Comme elle en a l'habitude, Véronique Sanson a mordu dans ses chansons les plus intimes, modulées par ce vibrato qu'on lui a toujours connu. Les moments où le groupe s'est fait plus discret pour mieux nous faire goûter le jeu nerveux de la pianiste et  ses cris du coeur ont compté parmi les plus concluants de la soirée.

Les fans de la première heure de la chanteuse de 63 ans, venus entendre ses classiques, ont été gâtés au milieu du spectacle quand elle leur en a servi trois presque coup sur coup. D'abord Amoureuse, à la fois théâtrale et belle entendre, la vedette s'accompagnant au piano et harmonisant avec ses deux chanteurs dans un esprit gospel. Le public lui a fait une ovation, tout à fait méritée.  Puis l'entraînante Chanson sur ma drôle de vie, avec ses cuivres façon New Orleans, qui était la bienvenue après une enfilade de chansons que la chanteuse, a qualifiées, avec juste ce qu'il faut d'autodérision, de «rigolotes et marrantes». Enfin, après la plus récente Si toutes les saisons, ce qui restera pour plusieurs le clou de la soirée: l'échange entre la vedette et son invité surprise Gregory Charles. La complicité entre le music-man québécois, installé au piano, et la chanteuse française était évidente tellement ils se relançaient et scattaient joyeusement.

Ce fut un moment de fraîcheur dans un spectacle inégal, dont l'ordre des chansons n'a pas bougé d'un poil depuis le show de décembre dernier à Bruxelles, immortalisé sur DVD. Véronique Sanson a choisi de chanter en alternance quelques-unes des chansons qu'on lui réclame, porteuses d'émotion, et d'autres, moins connues ici, pendant lesquelles la tension, et l'attention, retombaient de quelques crans. Juste avant le rappel, point culminant de tout spectacle, on a eu droit à une Rien que de l'eau dont le rythme, les claviers et le solo de guitare rock évoquaient le pire des années 80, puis à la récente La nuit se fait attendre qui malgré son enfilade de solos sur rythme de salsa, n'avait rien d'un moment fort.

Heureusement, elle nous est revenue pour Vancouver et, d'abord avec son claviériste puis seule au piano, Toute une vie sans te voir, Visiteur et voyageur et Bahia où la chorale des spectateurs s'est manifestée, chaque fois avec un peu plus de conviction.

En début de soirée, Chris Stills nous a montré en 20 minutes et quatre chansons que s'il ressemble à son père Stephen il tient aussi de sa mère Véronique par son jeu de piano, sa voix en liberté et ses chansons très dépressives, comme il l'a si bien dit. Mais contrairement à ce qu'avait laissé entendre la chanteuse cette semaine, c'est tout seul que Christopher a chanté sa composition Say My Last Goodbye qu'ils ont reprise en duo sur le dernier album de madame Sanson, Plusieurs lunes.