Deux générations, deux cultures et, néanmoins, une rencontre pleinement convaincante: Jean-Philippe Collard, le réputé pianiste français de 63 ans, et Jonathan Crow, violoniste montréalais de 34 ans natif de l'Ouest canadien, se sont retrouvés au même dispason à travers les quatre mouvements de la grande Sonate en la majeur de César Franck qui terminait le concert de jeudi soir au Festival de musique de chambre.

La richesse de ce chef-d'oeuvre du répertoire violon-piano fait qu'il se prête à des interprétations diverses et même opposées. Tout en restant toujours fidèles au texte, le Français Collard et le Canadien anglais Crow, son cadet qui pourrait être son fils, ont choisi une approche discrètement romantique, où les phrases identiques que s'échangent les deux instruments avaient le même élan, la même densité.

Collard assurait seul la première moitié du programme sous forme d'un mini-récital Fauré-Debussy-Ravel. Collard nous visite depuis fort longtemps. Si l'épaisse chevelure a blanchi, l'allure d'adolescent est toujours là et, surtout, la technique reste très solide. Et l'on sait que certaines de ces pages -- les Préludes de Debussy, par exemple -- sont d'une atroce difficulté. Malgré un piano qui n'était pas le meilleur au monde et une réverbération qui n'est pas celle d'une salle de concert, malgré les opérateurs de télévision un peu partout dans l'église et les vieux bancs qui craquent, le pianiste a livré ces pages françaises dans une belle perspective sonore.

On avait hélas! choisi d'éteindre les lumières pour ce concert pourtant commandité par Hydro-Québec!

JEAN-PHILIPPE COLLARD, pianiste, et JONATHAN CROW, violoniste. Jeudi soir, St. George's Anglican Church. Dans le cadre du 16e Festival de musique de chambre de Montréal.