Au printemps dernier, Maurane préparait son retour à la chanson en enregistrant des chansons de Jacques Brel, dans le but de sortir un disque soulignant les 40 ans de la disparition du chanteur.

Drame terrible, la formidable interprète belge est morte accidentellement le 7 mai à l'âge de 57 ans, avant de l'avoir terminé.

Le disque vient tout de même de voir le jour, coréalisé par sa fille Lou Villafranca et l'arrangeur Philippe Decock, et on y retrouve 12 des 14 chansons qu'elle avait choisi de chanter, toutes enrobées avec soin - certaines avec le seul support du piano (La chanson des vieux amants, Fils de...), certaines plus jazz (Une île, Vesoul), et deux, Je ne sais pas et Orly, accompagnées d'un orchestre de cordes.

Le contexte ajoute bien sûr à l'émotion qu'on ressent en écoutant ce disque où deux fantômes se rencontrent. Le résultat n'est pas parfait : sûrement que Maurane aurait voulu refaire plusieurs pistes. Mais c'est ce qui rend ce disque encore plus unique et bouleversant.

On ne peut pas écouter les versions écorchées et au fil du rasoir que fait Maurane de Quand on n'a que l'amour, d'Orly ou de Voir un ami pleurer sans verser une larme. Il y a à la puissance 10 toute la force de l'interprète, toute son émotion contenue, tout son désir de chanter toujours et encore. Et ce sont justement ses imperfections qui font de ce Brel par Maurane un document essentiel, et un hommage ultime au grand Jacques. Ce sera difficile de faire mieux.