D'abord, il y a cette voix qui semble le fruit d'une très vieille âme. Grave et vibrante, avec un tout léger vibrato, qui casse parfois dans les aigus. Et qui transporte tellement d'émotion que dès la première chanson de cette Grande migration, premier disque en français d'Émilie Clepper, on ne peut qu'avoir l'attention captée au maximum.

En anglais, la chanteuse québéco-texane assume totalement son influence folk. En français, elle arrive avec un style chansonnier plus classique - piano et clavier, violon et violoncelle, pas de guitare -, mais avec un accent sur les percussions qui lui donnent un enrobage vraiment contemporain.

L'excellente Désert blanc, par exemple, est pratiquement trip hop. La plutôt drôle Le jour de la marmotte ressemble à une comptine déréglée - avec en prime la voix au naturel de Benoit Pinette (Tire le coyote), qui assure la réalisation avec Stéphane Rancourt.

La grande migration est un album dense et très écrit - neuf chansons sur dix sont signées par Sara Garneau -, parfois un peu trop.

Mais une certaine lourdeur sur quelques pièces n'enlève rien à la beauté troublante de ce disque où l'intensité ne baisse jamais d'un cran. En fait, Émilie Clepper fait la preuve que le modèle chansonnier peut être non seulement dépoussiéré, mais aussi emmené un peu plus loin.

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CHANSON. Émilie Clepper et la grande migration. Émilie Clepper. La Tribu.