Je n'ai jamais trouvé grand-chose à dire sur la musique de chambre de Gabriel Fauré et les cinq heures d'écoute que totalise le coffret Virgin qui lui est consacré ne m'inspirent pas davantage.

«Le doux Fauré», comme l'appelait Debussy en se moquant un peu, écrit magnifiquement pour les instruments en présence. Hélas! son message, si message il y a, ne va pas très loin. L'irrésistible mélodie qui porte l'Élégie pour violoncelle et le dramatique premier Quatuor pour piano et cordes, op. 15, sont de rarissimes cas isolés dans un ensemble élégant, certes, mais plein de redites, le plus souvent doucereux ou folâtre, et finalement assez vide. Les adeptes de Fauré admirent ce qu'ils appellent sa «passion retenue». Je précise : trop retenue...

Ces adeptes seront toutefois comblés par l'attrayant coffret de cinq compacts. La totalité de la musique pour cordes et piano de Fauré y est rassemblée, englobant 50 ans de composition et superbement défendue par des interprètes français : le jeune Quatuor Ébène, les frères Capuçon au violon et au violoncelle, l'altiste Gérard Caussé et les pianistes Michel Dalberto et Nicholas Angelich, français d'adoption bien qu'américain de naissance.

Le programme : les deux Sonates pour violon opp. 13 et 108, les deux Sonates pour violoncelle opp. 109 et 117, le Trio op. 120, les deux Quatuors opp. 15 et 45, les deux Quintettes opp. 89 et 115, les quatre pièces pour violon et les cinq pièces pour violoncelle. À toutes ces oeuvres où intervient le piano, on a même ajouté l'unique Quatuor à cordes, op. 121, et le très bref Morceau de lecture pour deux violoncelles.

Indépendamment de ce que l'auditeur se voit offrir, tous les chambristes qui travaillent cette musique s'accordent sur le plaisir qu'ils prennent à l'exercice. Peut-être Fauré est-il fait pour être joué plutôt qu'écouté...