Reine des variétés à la française et des chansons sentimentales, Mireille Mathieu revient au Québec après 35 ans d’absence sur scène. Elle promet de chanter les chansons que ses admirateurs attendent à Montréal, Québec et Sherbrooke.

Les passages de Mireille Mathieu au Québec n’étaient pas discrets au tournant des années 1980. Il était fréquent qu’elle se produise une demi-douzaine de soirs à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, qui compte presque 3000 places. Ce n’est pas sa rareté qui attirait les foules – elle traversait l’océan presque tous les ans à la fin des années 1970 –, mais son immense popularité.

La carrière de Mireille Mathieu est en effet auréolée de succès : elle a vendu des dizaines de millions d’albums et chanté en plusieurs langues, comme l’autre grande idole polyglotte de l’époque, Nana Mouskouri (qui sera d’ailleurs au Québec plus tard cette année). Ses chansons se rendaient jusque dans les maisons où on ne faisait pas tourner ses disques et son visage – tout comme sa coiffure emblématique – était connu de bien des enfants qui n’étaient pourtant pas son public cible.

  • Jean-Pierre Ferland, Mireille Mathieu et Johny Stark en 1970. Ferland et la chanteuse française ont déjà chanté en duo Un peu plus loin. « Il est venu en tournée en France avec nous », s’est aussi rappelé Mireille Mathieu, en entrevue cette semaine.

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    Jean-Pierre Ferland, Mireille Mathieu et Johny Stark en 1970. Ferland et la chanteuse française ont déjà chanté en duo Un peu plus loin. « Il est venu en tournée en France avec nous », s’est aussi rappelé Mireille Mathieu, en entrevue cette semaine.

  • Mireille Mathieu à une date inconnue

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    Mireille Mathieu à une date inconnue

  • Mireille Mathieu avait ses habitudes au Québec dans les années 1970 et au début des années 1980. On la voit ici avec Guy Lafleur, en 1975.

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    Mireille Mathieu avait ses habitudes au Québec dans les années 1970 et au début des années 1980. On la voit ici avec Guy Lafleur, en 1975.

  • Mireille Mathieu et Jean Garon, alors ministre du gouvernement de René Lévesque, en visite au Stade olympique, en 1980

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    Mireille Mathieu et Jean Garon, alors ministre du gouvernement de René Lévesque, en visite au Stade olympique, en 1980

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Ce qui rend d’autant plus étonnante la chose suivante : ce samedi, Mireille Mathieu présentera son premier tour de chant au Québec en plus de 35 ans. Qu’est-ce qui explique cette longue absence ?

La dame aujourd’hui âgée de 77 ans évoque tour à tour les nombreuses tournées dans le monde, les disques enregistrés et enfin la mort subite, en 1989, de son imprésario, Johnny Stark.

« Quand il est décédé, forcément, j’ai arrêté… J’ai fait autre chose », se corrige-t-elle. Mireille Mathieu n’a pas cessé de chanter, mais sa carrière française a perdu un peu de souffle. Elle a fait un album en espagnol, puis d’autres en allemand, fait des tournées en Chine et en URSS… On mesure mal, de nos jours, ce que pouvait signifier faire une carrière internationale à l’époque pour certains artistes français issus des années 1960.

Hommage à Piaf

Ces prochains jours, Mireille Mathieu remontera à ses sources. Son tour de chant, axé sur ses grands succès, comptera notamment deux chansons de Piaf, à qui elle vient de consacrer un autre album. « Je voulais lui rendre hommage », dit-elle, précisant que 2023 marquait le 60e anniversaire de la mort de celle qu’on appelait la Môme. Elle n’a jamais oublié que c’est avec une de ses chansons qu’elle a remporté, en 1964, le concours de chant qui allait lancer sa carrière.

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Mireille Mathieu en 1970

« J’ai aussi composé une mélodie pour lui rendre hommage, La dame à la robe noire », poursuit-elle, vantant le texte de Claude Lemesle. Mireille Mathieu est bien consciente qu’on la comparait à Piaf, à ses débuts : son phrasé et sa manière de rouler les r ressemblaient à ceux de son illustre aînée, en effet.

Extrait d’Acropolis adieu, de Mireille Mathieu
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Or, si le trémolo est resté, son chant s’est déployé au fil du temps. Elle a notamment posé sa voix sur des airs méditerranéens (emprunts à la Grèce, notamment, et pas seulement pour Acropolis adieu) et aussi porté en français des adaptations de succès d’ABBA (Bravo tu as gagné, repris récemment par Clara Luciani) et Barbra Streisand (Memory et Woman in Love). Sur ce dernier morceau, qu’on s’attend à entendre encore sur scène, elle montre toute la puissance raffinée de sa voix.

Sous le signe de la gratitude

Mireille Mathieu avait la parole vive et l’œil brillant lorsqu’on l’a rencontrée, au lendemain de son arrivée au Québec. Elle rappelait avec joie ses collaborations avec Eddie Marnay, Francis Lai, Paul Anka, Maurice Jarre et Michel Legrand. Elle évoquait ses tournées en Chine et en Europe de l’Est, où elle va fréquemment depuis sa première tournée en URSS, à la fin des années 1960.

La star made in France, pour reprendre le titre d’un de ses albums, a chanté un peu partout, dans une douzaine de langues, mais n’a jamais percé le marché américain.

Ce n’est pas un regret, assure la dame, qui a néanmoins chanté quelques fois dans de grandes salles aux États-Unis.

« J’ai pu chanter quelques mélodies en anglais à ma manière, me faire connaître, mais quand je vais dans un pays étranger, je suis une chanteuse française », insiste-t-elle, tout en étant consciente d’avoir traversé une époque où il était possible d’être reconnue hors de son pays sans devoir, comme Céline Dion par exemple, adopter la langue d’une autre puissance culturelle.

On pressent que c’est une artiste reconnaissante d’avoir pu compter sur un public fidèle qui foulera des scènes québécoises, ces prochains jours. Un public friand des ballades sentimentales. « Mon message à moi, dit-elle, c’est les sentiments. »

En concert samedi et dimanche à la salle Wilfrid-Pelletier puis à Québec, le 20, et à Sherbrooke le 23.