Des moments émotifs, des moments cocasses, des moments de pure joie et de fierté… La Presse s’est glissée dans les coulisses du gala de l’ADISQ dimanche après les victoires de tous les artistes récompensés. Retour sur ces instants précieux, en mots et en images.

La vedette des coulisses

Quelqu’un est entouré d’un groupe d’individus agenouillés à même le sol, dans le foyer jouxtant la salle Wilfrid-Pelletier. « On dirait l’heure du conte ! », nous dit notre collègue photographe. C’est Ginette Reno qui parle, installée sur une chaise, surplombant son auditoire d’une demi-douzaine de journalistes. Elle vient de livrer un numéro d’ouverture (avec FouKi, nul autre) dont tout le monde parle, mais aussi de recevoir le Félix de l’album de l’année (succès populaire). Nous venons de discuter quelques minutes en tête-à-tête avec elle, mais nous nous joignons tout de même au groupe, parce que lorsqu’elle parle, Ginette Reno donne envie de l’écouter. Comment se sent-elle de recevoir, encore, autant d’amour du public et de son milieu ? « Ça me donne envie de continuer à vivre, nous dit-elle. Ça me donne envie de continuer à faire ce que j’aime dans la vie : la musique, les humains et apprendre. »

En attendant Félix

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Alexandra Stréliski avec un Félix à la main

Alexandra Stréliski sort de la salle Wilfrid-Pelletier avec son Félix de l’artiste féminine de l’année en main. Elle est l’une des grandes gagnantes de cette édition du gala de l’ADISQ, comme en témoigne son deuxième prix de la soirée. « Je l’ai laissé dans la salle… », lance-t-elle quand une attachée de presse lui demande pourquoi elle n’en a qu’un avec elle. On lui apporte rapidement l’autre trophée. Puis, on l’escorte jusqu’à la salle de presse. En chemin, elle nous tend l’un de ses Félix. « Regarde comme ils sont lourds ! » En effet, la statuette pèse une tonne. « C’était très imprévu de recevoir [le prix de l’artiste de l’année, pour la deuxième fois], nous confie-t-elle. Ça montre que peu importe le style de musique, ça rejoint les gens. Et c’est pour ça qu’on fait ce métier. C’est pour ça que je l’ai dédié aux autres femmes nommées. C’est beau à voir. »

Le travail d’un gars « heureux »

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Daniel Bélanger a la confirmation du public et de l’industrie que son travail en vaut la peine.

« Il y a ce paramètre supplémentaire avec le temps qui passe : on a peur de ne plus être pertinent, d’être dans les jambes. Alors on travaille fort. » Avec cinq prix Félix en main après la soirée de dimanche, dont celui de l’artiste masculin de l’année, Daniel Bélanger a la confirmation du public et de l’industrie de la musique qu’il n’est pas « dans les jambes », que son travail en vaut la peine. Son trophée pour sa réalisation de l’album Mercure en mai, reçu au Premier Gala de l’ADISQ mercredi dernier, est celui qui le touche le plus. Discret, souriant, sa casquette agencée à son costume, Daniel Bélanger nous transmet un peu de sa sagesse. Il n’a pas encore « l’âge vénérable » de Ginette Reno qui, après sa longue carrière, constate encore que le public l’adore, mais il a encore et toujours ce même sentiment gratifiant de voir son œuvre appréciée. « Je suis heureux. »

Entre deux shows, de l’amour

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La popularité de Michel Rivard était palpable dans les coulisses du gala.

Michel Rivard se fait féliciter à droite et à gauche, il serre les gens dans ses bras avec le sourire, mais garde à la fois un air tout à fait posé, placide. Ce n’est pas son premier gala de l’ADISQ. C’est loin d’être sa première victoire – c’est sa douzième en carrière, en fait, la première datant de 1984, avec Beau Dommage. « On ne s’habitue jamais », assure-t-il. « Je me disais que ce n’est pas grave de ne pas gagner. Les salles sont pleines, les gens aiment le spectacle. Mais il reste que de se faire reconnaître par le milieu, par nos pairs, c’est toujours un petit thrill. » L’auteur-compositeur-interprète parle de son spectacle avec… tendresse. Après une année de tournée, il ne se lasse pas. « Je n’ai pas joué cette semaine et j’ai juste hâte aux deux shows la semaine prochaine », lance-t-il.

Une question de survie

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Kanen est repartie avec deux Félix.

C’est la première fois que l’auteure-compositrice-interprète Kanen gagne un prix à l’ADISQ. Finalement, elle termine la soirée avec deux Félix (révélation et artiste autochtone), que nous l’invitons à déposer dans un coin du foyer le temps de notre discussion. « Je souhaite que de jeunes femmes autochtones qui m’ont vue gagner soient inspirées, dit la jeune artiste innue. On en a tellement besoin. J’espère que ça va continuer, qu’on va continuer à briller. » Le prix Félix de la révélation de l’année a une saveur toute particulière. Il démontre que la musique autochtone n’est pas juste bonne « pour de la musique autochtone », mais qu’elle est bonne, point, dit-elle, citant Florent Vollant. Dans sa robe rouge, un sourire indélogeable sur son visage, Kanen rappelle qu’il est question ici de faire survivre une culture et une langue. « J’étais juste venue voir des numéros et avoir la chance de porter de beaux vêtements ! Mais tout ça me dit qu’on est sur le bon chemin. »

Les Cowboys présents

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Les Cowboys Fringants, sans Karl Tremblay, étaient présents.

On ne s’attendait pas du côté des organisateurs à ce que Les Cowboys Fringants et leurs musiciens accompagnateurs soient là, dimanche. Sans Karl Tremblay, ils ont tout de même tenu à être présents. Ils viennent de gagner le prix Félix du groupe de l’année et traversent les coulisses de la salle Wilfrid-Pelletier en cortège serré, unis. Aucune entrevue, mais une séance photo, à laquelle ils participent avec le sourire, tout de noir vêtus. « On veut les musiciens avec nous, lance la chanteuse et multi-instrumentiste Marie-Annick Lépine, d’un ton ferme, alors que le groupe s’installe devant la toile ornée du logo de l’ADISQ. On n’est pas des interprètes sans eux. »

À la santé de Salebarbes !

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Les gars de Salebarbes, souriants et charmants, heureux et bruyants !

On les voyait venir de loin, avec leurs chapeaux et leurs beaux habits colorés. On les entendait aussi de loin, alors qu’ils se mettaient à chanter en harmonie à tout va. Plus de bonne humeur que cela, tu meurs. Leur chanson Gin à l’eau salée est la chanson de l’année. Une surprise, nous dit Éloi Painchaud, de Salebarbes. « [Cette chanson] a juste vécu sa petite vie comme toutes les autres, en spectacle, puis dans les promenades en voiture, dans les partys de famille, au camping… On ne peut pas faire plus organique que ça. » Cette pièce leur paraissait-elle une bonne candidate pour devenir un succès au moment de l’écrire ? « On écrit une chanson en se disant qu’on aimerait la trouver encore le fun si on devait la jouer 50 fois, dit Éloi. La réponse était oui, mais ça reste une surprise. Mais on est aussi surpris d’à peu près tout le succès de Salebarbes ! »

La sortie du roi

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Louis-José Houde, après l’animation du gala de l’ADISQ, en coulisses, le sourire aux lèvres

C’est lui qui a ouvert les festivités après le numéro d’ouverture et, en coulisses, il a été le clou du spectacle. Louis-José Houde, après sa (peut-être) dernière animation du gala de l’ADISQ, est descendu en salle de presse une demi-heure après la fin du gala. Tous étaient curieux de connaître son sentiment en sortant de scène. Généreux de son temps, il s’est confié sur cette impression d’être complètement en paix. Et satisfait, également, de ce dernier gala. « J’étais quand même plus nerveux que d’habitude, parce que je savais que si c’était mon dernier, je n’aurais pas l’occasion de me reprendre. Si je l’échappais là, j’aurais trouvé ça niaiseux. » Il avoue qu’il ne pourra probablement pas regarder le gala l’an prochain. « Ça va me faire trop bizarre, confie-t-il. Je ne pars pas parce que le cœur n’y est plus, c’est la tête. Je n’arrive plus à fournir. » Au moment du départ, une fierté l’habite particulièrement : « C’est dur à quantifier, c’est pas vraiment tangible, mais c’est d’avoir peut-être mis un peu de lumière sur la musique québécoise. »