Enfants, nous dansions le Mia. Ados, nous fréquentions l’École du micro d’argent. Il était donc logique qu’adultes, nous ayons fait salle comble à la Maison symphonique, mardi soir, pour le premier de quatre concerts du collectif rap français IAM avec l’Orchestre symphonique de Montréal.

D’abord prévue pour avril 2020, l’alliance musicale fort attendue a été reportée trois fois en raison de la pandémie – et du refus de certains artistes de se faire vacciner. L’attente en valait la peine, car le mariage entre les univers du groupe marseillais et des musiciens dirigés par la cheffe Dina Gilbert est des plus heureux. Les 1900 témoins de cette union ont de toute évidence été conquis, passant la majeure partie de la soirée debout à chanter et à danser.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

La cheffe d’orchestre Dina Gilbert

Dès le départ, la foule a montré son enthousiasme en applaudissant chaleureusement le message annonçant le programme de la soirée et les consignes de sécurité, qui était récité sur un rythme plus enjoué qu’à l’habitude. Des spectateurs ont ensuite hurlé le refrain du Feu, et ont refait le coup quelques fois, demeurant les seuls interprètes du morceau de 1993, qui ne faisait pas partie du menu.

Ce spectacle était plutôt une célébration du grand classique d’IAM, L’École du micro d’argent, paru en 1997. La pièce-titre a d’ailleurs ouvert le bal, suivie de Nés sous la même étoile, qui a ravi la foule. Au fil des chansons, rien ne semblait pouvoir miner cette joie, mais il devenait de plus en plus clair qu’il s’agissait avant tout d’un show de rap.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Pas moins de 1900 personnes ont assisté mardi soir à l’union entre le groupe rap français et l’OSM.

Certes, nous pouvions distinguer une plus grande profondeur et davantage de textures, mais les brillants arrangements de l’orchestrateur Blair Thomson étaient pour la plupart étouffés par des percussions trop fortes et des micros dominants. Par moments, si on fermait les yeux, on aurait pu croire qu’on écoutait le disque dans une excellente chaîne stéréo.

Chez le mac a été précédée par une séquence de jazz orchestral fort bienvenue. Les musiciens ont également pu faire entendre leur virtuosité en introduction d’Un bon son brut pour les truands. On aurait pris bien plus de moments comme ceux-ci.

Des MC en grande forme

Comme la veille au spectacle de Wu-Tang Clan et Nas, nous avons assisté à une performance de rappeurs dans la cinquantaine au sommet de leur art. Akhenaton et Shurik’n ont livré chacune de leurs rimes avec une maîtrise totale.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Shurik’n et Akhenaton, du groupe IAM

Leur complicité sur Elle donne son corps avant son nom – encore très aimée malgré son propos –, leur chorégraphie contagieuse pendant Je danse le Mia et surtout leur débit effréné pendant les neuf minutes de Demain, c’est loin ont épaté tous ceux réunis mardi soir.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Shurik’n, du groupe IAM

Petit frère et L’empire du côté obscur ont sans surprise été deux moments forts du spectacle, mais retenons également la pause instrumentale zen qui a suivi Quand tu allais, on revenait et les pièces solos Mon texte, le savon (Akhenaton) et Les miens (Shurik’n). Dépouillées, celles-ci accordaient davantage de place aux musiciens.

La collaboration entre IAM et l’OSM est un franc succès, mais nous croyons qu’une reconstruction plus orchestrale de L’École du micro d’argent aurait été autant appréciée par les fans qui ont grandi avec l’œuvre et qui étaient prêts à la redécouvrir dans un lieu aussi beau qu’inattendu.

IAM x OSM à la Maison symphonique de Montréal, les 4, 5 et 6 octobre

Consultez la page du spectacle