La joyeuse bande de Salebarbes continue de nous faire danser avec un troisième album réussi, composé entièrement de chansons originales.

Intéressante, l’évolution de Salebarbes depuis quatre ans. Après un premier album constitué uniquement de chansons tirées du répertoire cajun, puis un deuxième de la même eau dans lequel se glissaient quelques compos originales, le groupe le plus joyeux en ville est de retour avec un troisième album qu’il a cette fois écrit d’un bout à l’autre.

Le résultat est confondant : les cinq Salebarbes maîtrisent tellement bien leurs classiques qu’ils ont réussi à écrire 11 chansons qui semblent déjà en être. Zydeco, honky tonk, rockabilly, cajun, country, ils se frottent à la musique de leurs racines acadiennes en respectant tous les codes qui, on s’entend, ont fait leurs preuves dans le temps et qui fonctionnent toujours comme une tonne de brique.

Il y a bien sûr aussi la touche Salebarbes, comme les harmonies fabuleuses, l’utilisation d’instruments traditionnels, l’habillage subtilement différent des pièces et le passage de témoin comme chanteur principal : tout le monde y va d’au moins deux chansons, Jean-François Breau, Jonathan Painchaud, Kevin McIntyre et Georges Belliveau, violoniste spectaculaire dont le brio survole tout l’album. Seul le réalisateur Eloi Painchaud est plus « discret », si on peut dire – il joue en effet comme ses compères d’une foule d’instruments, et ses envolées à l’harmonica sont épiques.

Avec son niveau d’énergie toujours au maximum – on est parfois littéralement soufflé par la projection de leurs voix, comme sur l’ahurissante chanson rock’n’roll Ces oiseaux-là – et son désir avoué de seulement donner du bon temps aux gens – la dernière pièce, Faut tu joues pour les pieds, résume bien leur pensée –, Salebarbes arrive avec un autre album réussi, peut-être son meilleur.

On a envie par contre de leur lancer un défi pour le prochain, car vu leur immense succès, on ne voit pas pourquoi il n’y en aurait pas d’autres. En puisant leur inspiration dans le répertoire traditionnel, les thèmes abordés sont à l’avenant, la peine d’amour inconsolable, la relation de couple chaotique, la quête amoureuse un peu candide, le buveur (joyeux ou pas) sans fond. On aimerait bien la prochaine fois les voir sortir de ce carcan, adopter de nouveaux angles, explorer la contemporanéité dans l’écriture… tout en continuant de nous faire danser. Voilà, la commande est passée.

Extrait de Ces oiseaux-là, Salebarbes

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À boire deboutte

Cajun

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Salebarbes

Productions Grand V.

7,5/10