Martin Garrix, Lost Frequencies, Alesso, The Chainsmokers… la huitième édition du festival ÎleSoniq, célébration montréalaise de la musique électronique, est considérée par l’organisation comme la « deuxième meilleure » de son existence. Et elle en avait besoin.

« Merci beaucoup de m’avoir fait sentir à la maison ce soir ! » Dimanche, devant une foule monstre, Martin Garrix a démontré avec énergie et assurance pourquoi il est l’un des meilleurs DJ sur la planète.

Maîtrisant pratiquement à la perfection l’art du crescendo vers le beat drop, le Néerlandais de 27 ans a enchaîné les succès et offert des remix assez flatteurs à plusieurs chansons d’artistes bien connus : Lewis Capaldi, Alesso, One Republic, The Weeknd, Avicii ou Nico & Vinz, pour ne nommer que ceux-là.

Non seulement il y avait son travail hors pair, mais la production a mis le paquet en matière d’effets spéciaux pour clore le week-end. Elle a joué avec les jets de flammes et de lumières, ainsi qu’avec des feux d’artifice qui surplombaient avec esthétique la scène principale.

Martin Garrix était, pour le dire simplement, le candidat idéal pour apposer le point final à cette fin de semaine ponctuée de talents, comme tête d’affiche de la deuxième soirée.

« L’année passée n’a pas été si facile que ça, a confié Évelyne Côté, directrice, programmation, concerts et évènements, chez evenko, en entrevue avec La Presse. On s’attendait à ce que ce soit stratosphérique, ça a été correct. »

Le bilan 2023 est beaucoup plus encourageant : 65 000 personnes ont franchi les clôtures en deux jours, environ la moitié samedi et l’autre moitié dimanche. Après l’année record de 2019, il s’agit de la meilleure édition d’ÎleSoniq en matière de nombre de billets vendus.

Visiblement fière, Évelyne Côté a complimenté les festivaliers qui ont bravé la pluie de samedi pour demeurer sur les lieux. « Ça me fait tripper de travailler avec un auditoire comme ça. Il y a un engagement particulier [avec la musique électronique], une conviction de faire partie de quelque chose. »

« On avait besoin de ça après la COVID, résume-t-elle. On avait besoin de cette édition. »

Dimanche après-midi, Becky Hill a livré l’une des seules performances en direct de la fin de semaine (comme la plupart des artistes sont des DJ). Sa voix portait pendant que les festivaliers s’installaient tranquillement sur la colline. Lost Frequencies a aussi proposé un bon spectacle en début de soirée, pour ensuite laisser la place au groupe britannique Above & Beyond au crépuscule.

Vision claire

En l’espace de trois fins de semaine, le parc Jean-Drapeau doit se refaire une beauté pour plaire à trois auditoires différents : d’abord, celui d’Osheaga, ensuite celui d’ÎleSoniq et la semaine prochaine, celui du bébé country de la famille, Lasso. Le tout, sur un site ayant la capacité de recevoir un nombre important de festivaliers différents dans un environnement unique.

Selon Évelyne Côté, c’est « la clarté dans la vision de la programmation » qui a permis à ÎleSoniq de connaître du succès cet été.

Au centre, la scène Oasis offrait une sélection d’artistes grand public « sans hypothéquer la qualité musicale » recherchée. Plus loin, la scène Neon faisait le bonheur des amateurs de house et de techno, tandis que ceux qui préféraient le dubstep trouvaient leur compte à la scène Mirage.

Ainsi, les spectateurs étaient incités à se déplacer en fonction du niveau de son de production souhaité. Ils étaient libres de tester différentes « gradations » du genre musical, et satisfaisaient le « besoin humain de se rassembler ».

Ça crée aussi une espèce d’esprit de communauté qui est super importante dans la musique électronique. Les gens trouvent vraiment leur maison.

Évelyne Côté, directrice, programmation, concerts et évènements, chez evenko

Normalement, on s’attend à ce que la foule d’ÎleSoniq soit assez jeune. Que sous les habits typiques des festivals, on retrouve des personnes de 18 à 30 ans, ou aux alentours. Cette année, on sortait des sentiers battus.

« C’est notre édition où il y a le plus de démographie. À la scène Neon, il y a du monde de 45-50 ans, à celle de bass, le monde a 16-18 ans, devant la scène principale, ça va de l’un à l’autre, s’est réjouie Mme Côté. À Montréal, on est chanceux d’avoir une culture qui accueille cette musique de niche de façon diurne – donc en journée, pas en marge durant la nuit. »

On peut le dire avec certitude : ÎleSoniq a bravé la tempête, et le choix de revenir au format initial de deux jours a porté ses fruits. Ses fans étaient au rendez-vous, et les artistes ont été à la hauteur.