Une place sur la scène d’Osheaga est un important jalon en carrière pour bien des artistes locaux. La Presse en a rencontré cinq, qui participeront au festival pour la première fois ce week-end.

« Osheaga, je ne le tiens pas pour acquis »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Laroie

Laroie

Anciennement membre du duo Heartstreets, Laroie apporte une touche de soul et de R & B à sa musique électronique.

Elle vient de faire paraître son troisième minialbum, Tragedy.

En spectacle le dimanche 6 août, à 18 h 30, dans le cadre des Sessions Sirius XM

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Comment visualisais-tu la musique du projet Laroie, lancé en 2020, sur scène ?

Il y a eu un travail exploratoire. C’est de la musique électronique. Tout dépendant de ta vision, tu peux aller dans beaucoup d’avenues différentes. En sortant le deuxième EP, je réalisais que j’aimais qu’il y ait beaucoup de couches de voix et jouer avec la soul qu’on retrouve dans mes chansons. L’idée d’avoir des chanteurs avec moi est restée. L’intensité dans laquelle les chansons peuvent aller, je veux que les gens puissent la vivre. La beauté du live, c’est qu’il y a quelque chose de spontané, que tu ne peux pas t’attendre à ce qui va arriver. À Osheaga, on va embrasser le côté électronique avec ma DJ, Empress, et il va y avoir mes deux backup singers.

Parle-moi du sentiment d’être sur scène…

Ça concrétise ce que je fais dans ma bulle créative. Ça ne rend pas la musique physique, mais presque. Ça permet de vivre quelque chose qui n’est pas solitaire comme la création. Tu vis ta musique d’une autre manière quand tu es sur scène. Ça m’est souvent arrivé d’être super émotive. Je véhicule une chanson qui a pu être écrite il y a des années mais, en la partageant avec le monde, dans la vulnérabilité, ça concrétise le comment du pourquoi de ce que je fais.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Laroie

En festival, c’est une autre énergie. Ce n’est pas tout le monde qui te connaît. Comment abordes-tu cette première présence à Osheaga en solo ?

Osheaga, je ne le tiens pas pour acquis. C’est un show qui, pour le début de ma carrière solo, est très important. C’est un festival qui a une très grande réputation. Beaucoup de gens de l’industrie viennent. Je suis super reconnaissante pour ça. Il y a aussi un petit stress de plus parce que c’est Osheaga. En même temps, je ne vais pas l’approcher d’une manière différente de n’importe quel autre show. C’est à 150 %, peu importe s’il y a 20 ou 200 000 personnes devant moi, peu importe si ce sont tous mes amis ou des gens qui ne me connaissent pas. À la fin de la journée, je veux qu’il y ait au moins une personne qui connecte à ma musique et pour ça, il faut que je me donne, que je reste intègre à ce que j’ai envie d’offrir.

La suite, pour Laroie, c’est quoi ?

Je participe à une mission de développement international. Je m’en vais à Londres, je vais rencontrer des gens. Je donne un show à la fin d’août. Je veux atteindre la scène électronique underground.

« C’est une petite victoire en soi »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Raccoon

Raccoon

Il a été Révélation rap de Radio-Canada en 2020 et s’est rendu en finale du concours télévisé La fin des faibles, diffusé à Télé-Québec.

Il travaille dans le milieu communautaire en plus de son projet musical.

Sa chanson Shoot totalise 683 000 écoutes sur Spotify.

En spectacle le vendredi 4 août, à 19 h 30, dans le cadre des Sessions SiriusXM

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C’est ta première fois en solo à Osheaga, mais tu y as déjà participé une fois…

Oui, c’était dans le cadre de l’album QCLTUR : on a fait un disque collaboratif avec plusieurs artistes hip-hop de la scène montréalaise. Tous les artistes étaient présents, et moi, j’étais là pour ma chanson avec Connaisseur Ticaso et Barnev. Cette fois, c’est mon premier show tout seul.

Qu’est-ce que ça représente pour toi, d’avoir ce concert à Osheaga ?

J’entends parler d’Osheaga depuis que je suis tout jeune. Ce qui est cool, c’est que quand j’étais jeune, je n’avais pas l’argent pour y aller et là, je me retrouve à jouer là-bas. C’est une petite victoire en soi parce que j’ai toujours voulu y assister.

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Raccoon

Comment décrirais-tu un show de Raccoon ?

Je viens sur scène avec mon guitariste et mon DJ. On joue mes « plus grands succès » [rires]. Je crois que ma musique est faite pour être découverte en live. J’aime enregistrer, mais en live, on se donne vraiment beaucoup. J’aime communiquer avec le public, on a de belles transitions entre les chansons, j’aime prendre le temps de vivre le moment. Et mon guitariste n’est pas présent sur l’album, on ajoute sa présence en live et ça donne vraiment un hybride entre le rap que je fais, qui est très pop, et sa touche un peu plus rock. Ça change les chansons. C’est important, sinon, reste dans l’auto et écoute ça sur Spotify [rires]. Ça amène une identité de plus.

As-tu toujours préféré la scène à tout le reste ?

Le studio est arrivé très tard dans ma vie. J’ai commencé sur scène. Je composais des chansons sur mon téléphone avec une petite application. Mes chansons n’étaient pas enregistrées. J’ai fait beaucoup de scène quand j’étais plus jeune. J’ai gagné Secondaire en spectacle, par exemple. Et vraiment plus tard, je suis allé en studio. Et c’est plus stressant pour moi que de la scène. C’est plus difficile, c’est figé. Sur scène, je peux jouer plus avec ma voix, mon énergie. Raccoon est né sur scène.

Quelle est la suite pour Raccoon ?

Je vais sortir toujours plus de musique. On veut offrir le plus qu’on peut, se rendre le plus loin qu’on peut, et pour ça, il faut le matériel, il faut plaire aux gens et aller chercher les fans. Je suis déterminé à grossir. On a atteint un bon niveau, mais on peut aller plus loin.

« Il va falloir que je travaille pour garder la crowd »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Mindflip

Mindflip

Rappeur inspiré par les influences old school américaines. Il a lancé son projet Mindflip en 2018.

Sa chanson Run My Shit (14 millions d’écoutes) a connu un succès viral. Il compte 395 000 auditeurs mensuels sur Spotify.

En spectacle le vendredi 4 août, à 14 h, sur la scène Verte

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Quel est ton rapport aux spectacles ?

Je n’avais pas fait tant de shows avant le début de cet été. Mais ça a été gros d’un coup. Je m’en vais dans l’Ouest canadien et ensuite, j’ai six dates en Europe en septembre. J’ai aussi des festivals au Québec. L’année passée, à Metro Metro, c’était mon premier festival de musique. Ça a vraiment bien été, c’était nice. Des gens reconnaissaient mes chansons et ceux qui ne les connaissaient pas embarquaient. Ça m’a aidé à trouver ma vibe sur une scène. C’est beaucoup d’énergie, je cours de gauche à droite, je fais des flips. Plus le stage est petit, plus j’ai de la misère.

Et comment appréhendes-tu ta première présence à Osheaga ?

Je vais porter une attention spéciale à ce show-là. Je vais dire des choses en particulier, je vais vouloir y aller surtout avec la magie du moment. Tu veux pratiquer, que ça feele naturel, mais après, il faut avoir l’impression qu’il y a quelque chose de plus grand. On va pouvoir tous connecter avec le public et se perdre là-dedans.

Fréquentes-tu beaucoup les festivals comme spectateur ?

Même pas. Je n’étais jamais allé à Osheaga ni à Metro Metro. Et même plus jeune, je ne me suis jamais dit que j’allais faire de la musique. Je me suis trouvé à un crossroad à un moment, il y a 10 ans, et j’ai regardé un film sur les lois de l’attraction. J’ai médité pour trouver mon higher purpose et j’ai trouvé la musique. Je rappais dans mon micro de MacBook, mais même pendant les cinq premières années, je n’aurais jamais cru que je me retrouverais là.

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Mindflip

Comment envisages-tu le fait de te retrouver sur une scène avec peu de gens qui te connaissent devant toi ?

Je joue le premier sur mon stage. Et il y aura quatre autres artistes sur d’autres stages. Il va falloir que je travaille pour garder la crowd. J’en ai fait beaucoup, des shows où je me fais découvrir. Je prépare un set où je coupe certaines chansons pour garder l’énergie. Je vais m’imaginer que tout le monde est là pour moi et y aller all-in.

Quelle est la suite pour Mindflip ?

On veut développer le marché européen le plus possible. Je vais avoir une tournée avec un autre rappeur en Europe. Je vais pouvoir créer des connexions et le but, c’est d’y retourner ensuite seul, tout en faisant la même chose aux États-Unis. En tant qu’artiste indépendant, il faut créer ses propres opportunités. C’est travail-amour-passion et repeat the circle.

« Ça me semblait si loin »

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Lili-Ann de Francesco

Lili-Ann de Francesco

Elle fait de la musique depuis ses 7 ans.

Elle compte 83 000 auditeurs mensuels sur Spotify et est également très populaire sur les réseaux sociaux (610 000 mentions « j’aime » sur TikTok).

En spectacle le samedi 5 août, à 18 h 30, dans le cadre des Sessions SiriusXM

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Quelle a été ta réaction en apprenant que tu allais être à Osheaga cette année ?

Je l’ai su il y a un mois, c’était après la sortie de la programmation. Je ne m’attendais pas à le faire cette année. Quand j’ai reçu l’appel, c’était un choc, mais un bon choc. […] Je fais des shows depuis longtemps. J’ai commencé à faire des spectacles avec mon père quand j’étais enfant. J’ai fait le Grand Prix quand j’avais 13 ans. Mais un festival aussi gros, surtout Osheaga, c’est ma première fois. Je ne sais pas à quoi m’attendre, mais je suis sûre qu’on va avoir du fun.

Est-ce un rêve que tu avais, de te produire à ce festival en particulier ?

Oui ! J’ai encore tellement de choses à accomplir. Mais je me souviens, quand j’étais plus jeune, je me disais que si je faisais Osheaga, ça voudrait dire que j’avais réussi. C’est un honneur, une opportunité en or. De rencontrer des gens de l’industrie là-bas aussi. Et également de pouvoir dire que je fais Osheaga. Ça me semblait si loin. Ce n’était pas inatteignable, mais pas pour tout de suite. Au niveau de la publicité et de tout ce que ça représente, c’est ma plus grande opportunité. On va la prendre à bras grands ouverts et on va donner notre 100 %.

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Lili-Ann de Francesco

Est-ce que ton spectacle en festival sera différent de ce que tu fais en salle pour un public qui te connaît déjà ?

La raison pour laquelle je suis rentrée dans ce métier, c’est pour faire des shows. Quand je suis sur scène, je suis à ma place. Tu peux mettre deux personnes face à moi ou bien 50 000, je vais faire le même show. Le but, c’est d’avoir du fun et que je sois fière de moi en sortant de scène. Il y a un stress de plus, parce qu’Osheaga est un gros nom. Mais je veux l’aborder le plus naturellement possible.

La suite, pour Lili-Ann de Francesco, c’est quoi ?

Je vais sortir mon EP et je vais mettre mon cœur sur la table. Cet EP, c’est mon histoire. Il y a des choses assez personnelles. Mais je veux partager ça avec les gens qui écoutent ma musique. Ça va m’apporter une certaine délivrance. Je vais présenter ce sur quoi j’ai travaillé depuis les derniers mois et je vais vouloir me concentrer sur les spectacles. Hopefully, une chanson va accrocher plus que les autres. J’aimerais ça avoir un hit. Je l’envoie dans l’univers, j’aimerais vraiment ça. Et le pourquoi, c’est toujours la même chose : je veux continuer à faire des shows, je veux m’amuser. C’est l’endroit où je suis le plus à l’aise.

« C’est la place où on allait quand on était plus jeunes »

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Pelch

Pelch

Influencé par la musique de Dermot Kennedy et Lewis Capaldi

Ancien joueur de hockey, il s’est découvert une passion pour la musique à l’adolescence.

Il a sorti de manière indépendante son premier EP, Looking Around, en 2022.

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Je lisais dans une ancienne entrevue que tu avais comme objectif de te rendre à Osheaga. Tu y es déjà cette année. Comment te sens-tu ?

À Montréal, c’est un statement. Je voulais faire le FEQ et Osheaga. Avec mes amis, c’est la place où on allait quand on était plus jeunes. J’ai vu tous mes artistes préférés là-bas. De jouer là, c’est spécial. Il y a trois ans, avant même de sortir une chanson, j’étais allé voir Kodaline à Osheaga. Et ils étaient sur la scène où je vais jouer cette année. On regardait le show, avec mon cousin Max, avec qui je fais de la musique, et on se disait qu’ils étaient vraiment chanceux de faire ça de leur vie. Ça nous avait saisis, on avait le goût d’être à leur place. J’ai toujours l’adrénaline et le stress. Mais en ce moment, je suis excité. Je vais pouvoir en profiter.

Comment ont été tes premières expériences sur scène ?

Une des premières fois, à Victoriaville, je me souviens d’avoir figé en voyant le monde quand ils ont ouvert les rideaux. Tu m’aurais mis avec un tigre dans une cage, ça m’aurait fait la même affaire. Je ne connaissais pas ce feeling-là.

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Pelch

Qu’est-ce que tu aimes dans l’expérience de donner des spectacles ?

Au début, il y avait le stress de savoir si ce que je faisais était bon. Mais maintenant, les gens chantent les tounes avec moi. C’est le meilleur feeling. Tu écris une chanson dans ta chambre et là, les gens la connaissent par cœur.

Les festivals, c’est une autre paire de manches…

J’essaie toujours de comprendre le vibe de la place. S’il y a des gens qui ne t’écoutent pas, qui sont là pour chiller dans la foule, j’essaie de puncher, de capter leur curiosité, de faire une blague ou quelque chose du genre. Souvent, on commence et c’est plus compliqué, mais, à la fin, on sent qu’on a réussi à attirer l’attention. C’est une question d’être sur la même fréquence que les gens face à nous. Ce n’est jamais le même vibe.

La suite, pour Pelch, c’est quoi ?

J’ai encore quelque chose à moi et, ensuite, je fais la première partie d’Alicia Moffet. En ce moment, on veut travailler avec des partenaires aux États-Unis pour faire grossir le projet. En ce moment, on est indépendant. J’ai l’impression que je conduis en Tercel sur le Grand Prix et tout le monde me passe à côté en F1. Et quand j’arrive pour changer les tires, je les change tout seul et eux ont une équipe pour les aider. Je pense que le monde cherche de la musique vraie, qui résonne avec leur vie de tous les jours. J’essaie de garder mes tounes ouvertes pour que tout le monde puisse s’y retrouver.

En spectacle le samedi 5 août, à 14 h, sur la scène Verte