Les plus beaux élans créatifs surviennent souvent dans l’adversité. In Times New Roman en est un bel exemple, alors que Josh Homme tire le meilleur de ses récentes épreuves.

Au cours des cinq dernières années, Josh Homme s’est débarrassé d’un cancer en plus d’avoir livré une bataille médiatisée avec son ex-femme Brody Dalle quant à la garde de leurs trois enfants, entre autres enjeux qui ont « fait voler en pièces [son] ancienne vie », a dit le chanteur californien à la revue Revolver, ajoutant que ces dernières années avaient été les plus sombres de sa vie. Mais cela a aussi représenté le tremplin émotif qui a mené à la création d’In Times New Roman…, huitième album de la formation qui a mis le stoner rock dans l’œil du public au tournant du millénaire.

On conserve ici certains éléments apportés par le producteur Mark Ronson sur Villains, mais en retournant puiser l’énergie brute qui caractérise les premiers albums du groupe de Palm Desert.

D’entrée de jeu, Obscenery s’appuie sur une basse funky, une batterie qui respire à pleins poumons, laissant passer les ondes des guitares qui grillent les molécules de l’air ambiant. La puissante Paper Machete suit avec ses accords saccadés et la guitare acidulée de Troy Van Leeuwen qui nous rappelle ce que Queens of the Stone Age faisait de mieux il y a 20 ans. Time & Place est une autre bonne chanson, la guitare entêtée accentuant la signature polyrythmique, contribuant à établir une ambiance dansante qui désarçonne tout à la fois.

Mais la plus belle trouvaille est certainement Sicily, où la voix de falsetto de Homme flotte au-dessus des craquements de guitare qui débouchent sur une envolée de cordes bien tendues, les guitares et la basse achevant de construire l’ambiance quasi diabolique de cette superbe pièce. Quant à Emotion Sickness, ses propos ont beau exprimer le même mal-être, c’est aussi l’expression d’un renouveau. La lumière est d’ailleurs perceptible dans la musique, très en phase avec le groove établi dans les derniers disques de QOTSA, mais avec des guitares qui éclatent en plein visage. La finale Straight Jacket Fitting est ambitieuse et superbement ficelée, dans le style que le groupe nous avait donné sur… Like Clockwork, une belle conclusion à un album que l’on se promet de réécouter souvent, même s’il ne pèche pas par excès d’originalité.

Extrait de Paper Machete, de Queens of the Stone Age

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In Times New Roman…

Rock

In Times New Roman…

Queens of the Stone Age

Matador Records

7/10