De Famous Dex à Hamza, le Montréalais FREAKEY ! s’est fait une réputation dès l’âge de 17 ans sur la scène internationale. À 25 ans, le music producer – il insiste sur ce titre – n’a pourtant jamais encore donné de spectacle. C’est heureusement sur le point de changer.

Le producteur originaire de Saint-Léonard nous reçoit, sourire fendu jusqu’aux oreilles, au studio du photographe et réalisateur Aimé Irabahaye, situé dans Ahuntsic-Cartierville. « That’s what’s up ! », répond FREAKEY ! lorsqu’on lui fait remarquer que son premier spectacle se passe aux Francos de Montréal. Au point où il en est, plus rien n’a l’air de l’impressionner.

Depuis le début de l’année, Hans-Michael Dary-Nereus (de son vrai nom) a décroché pas moins de quatre nouvelles certifications.

Grâce à sa participation à l’album Heaven or Hell de Don Toliver, qui vient de dépasser le million de ventes, il peut maintenant se vanter d’avoir un disque platine aux États-Unis. Il a coproduit le premier extrait de l’album avec WondaGurl, une Torontoise de renom qui a composé plusieurs chansons de Drake, FORTHENIGHT, qui, lui, a produit pour Bad Bunny, puis Mike Dean, légende américaine qui a travaillé avec Jay-Z et Kanye West. Bref, FREAKEY ! ne travaille pas avec n’importe qui.

Il vient également d’ajouter de nouveaux disques d’or français à sa collection, dont un pour son travail avec les Belges Caballero & JeanJass, des habitués du Québec. Ils ont rempli le Club Soda en mai dernier avec le rappeur québécois Rowjay, lui aussi collaborateur de FREAKEY !.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE FREAKEY !

La certification de l’album Heaven or Hell de Don Toliver auquel FREAKEY ! a participé

FREAKEY ! vient surtout de signer sur l’étiquette de WondaGurl (Wonderchild Music), Sony/ATV, ainsi que Cactus Jack Publishing, la maison d’édition fondée par Travis Scott – rappeur américain aux milliards d’écoutes en ligne.

Campé sur le sofa du studio de son ami, le Montréalais se contente de dire qu’il connaît « les bonnes personnes ». Et c’est bien vrai parce que lorsqu’on lui demande de quelle façon il arrive à travailler avec des artistes aussi connus, sa réponse est toujours très simple : un ami lui a présenté.

C’est entre autres comme ça qu’il rencontre le rappeur PLK en 2017. « [Le rappeur] Krisy me l’a présenté avant qu’il pop [explose en popularité] », précise FREAKEY !. Il vient de coproduire la chanson Nouvelles, dont le vidéoclip a été publié en mai sur la chaîne YouTube de PLK. Du haut de ses 5 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, PLK est l’un des rappeurs les plus écoutés en France.

Mais comment sonne la musique de FREAKEY ! ? « Pas comme tout le monde », répond-il. Celui qui se plaît à dire qu’il provient des années 2030 a construit un univers futuriste. Le Montréalais puise ses sons dans les jeux vidéo et la science-fiction. Il se démarque surtout par ses grosses basses en stéréo qui se promènent de droite à gauche des haut-parleurs.

Connecter en studio

Le côté humain est très important dans le travail de FREAKEY !. Selon lui, c’est ce qui différencie un producer, titre qu’il revendique, d’un beatmaker. « Le producer, explique-t-il, c’est un visionnaire. Il regarde l’artiste, sent son énergie. Pour faire un beat qui lui ressemble. C’est plus deep. »

Il raconte qu’une rencontre en studio est souvent nécessaire pour assurer une telle connexion. « Hamza n’aimait pas mes beats avant, avoue le producteur. C’est en studio qu’on a connecté. Il fallait juste qu’on s’assoie. »

Un moment qui a changé le cours de sa carrière. En 2017, le Montréalais a produit Mucho Love, dans laquelle le rappeur belge scande « FREAKEY ! sur le beat ». Quatre mots qui ont beaucoup résonné depuis.

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Ce côté humain le mène à des relations à long terme. La preuve : l’Américain Famous Dex, avec qui il a travaillé pour la première fois à l’âge de 17 ans, a récemment commenté une de ses publications. « Mon frère pour la vie », lui a écrit la star aux 4,6 millions d’abonnés Instagram.

De la maison Columbia à Sony

La musique est arrivée très tôt dans la vie de Michael, comme l’appelle sa maman. À l’âge de 4 ans, sa mère le surprend avec une « grosse boîte » de la maison Columbia, ce service postal avec lequel on peut commander des disques compacts à l’époque. « Je me suis perdu dedans », dit-il en parlant de l’écoute de son premier CD (Beware of Dog de Bow Wow).

« C’est G-Unit qui m’a “matrixé” », poursuit-il. FREAKEY ! a une belle façon d’imager son exploration de la musique. Producteur depuis l’âge de 12 ans, il parle de chacune de ses découvertes musicales comme d’un évènement.

L’émotion que Young Chop [le producteur de Chief Keef] m’a donnée, j’ai voulu la donner aux plus jeunes.

FREAKEY !

Il publie ses premières productions au milieu des années 2010 sur la plateforme Soundcloud, qu’il découvre grâce à sa mère, et rencontre plusieurs producteurs américains grâce à l’internet. La liste de ses productions serait longue à énumérer aujourd’hui, mais la chanson 4real, qu’il produit en 2016, est importante dans le parcours de FREAKEY !.

Cette première collaboration américaine avec Famous Dex et Lil Yachty encore une fois change tout. C’est ce qui le conduit notamment à WondaGurl, qui adore la chanson. La Torontoise fait le détour jusqu’à Montréal pour le rencontrer en 2017, moment où elle loue le Planet Studio pour travailler avec lui.

« Ce soir-là, on a fait 10 beats ensemble. Elle m’a dit qu’elle n’avait jamais fait autant de beats avec quelqu’un qu’elle venait de rencontrer. »

Sa signature avec WondaGurl se trame depuis sa deuxième rencontre avec la productrice. Entre-temps, les deux amis ont placé une chanson pour l’Américain Don Toliver. Et FREAKEY ! a lancé ses deux premiers albums : Désolé pour l’attente, sur lequel il a invité la Torontoise, et 3050 DEGREEZ : condamné à l’excellence, auquel participent FouKi, Shreez et Rowjay.

Bref, il ne manquera pas de matériel mardi soir pour son premier concert aux Francos de Montréal.

FREAKEY ! en première partie de Disiz, ce soir au MTelus, 21 h

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