Malgré quelques efforts bien sentis pour s’en extirper, Half Moon Run reste coincé dans sa doudou post-pandémique sur son quatrième album.

À la suggestion du producteur Connor Seidel, Salt a été créé en replongeant dans les vastes archives du groupe montréalais Half Moon Run. On aurait ainsi pu s’attendre à retrouver la vivacité de Dark Eyes et Sun Leads Me On – les deux premiers albums nous ont laissé les chansons les plus percutantes et les plus mémorables du groupe, Full Circle, Call Me In the Afternoon, Turn Your Love ou Consider Yourself sont les meilleurs exemples –, mais au contraire, Salt est remarquablement doux, sans doute trop.

Il y a bien sûr quelques pépites : You Can Let Go démarre avec assurance avec un refrain qui rassure, mais surtout avec des couplets chuchotés en staccato qui sont très rafraîchissants. Goodbye Cali est un road trip original aiguillé par une guitare électrique au premier plan et une basse aux sonorités triturées qui est à la fois inventive et mélodique. 9beat s’installe quant à elle avec une belle intro de percussions à la signature rythmique très inhabituelle qui, conservée au fil de la chanson, soutient une intensité qui s’installe en porte-à-faux de l’ambiance aérienne établie par le piano et la guitare.

Pour le reste, c’est riche et bien fait, avec quelques clins d’œil à la pop adulte (Alco) ou même au yacht rock (Hotel Memphis), mais on n’est jamais à rebrousse-poil, la doudou reste moelleuse et confortable. Dodge the Rubble, pièce folk aérienne aux arrangements riches qui puise son inspiration dans l’Americana, et la chanson-titre Salt, qui met en valeur les harmonies planantes qui ont fait la renommée du groupe, sont les ballades les plus inspirées d’un disque qui, on l’espère, agira comme catharsis en redonnant un peu d’énergie renouvelée au trio montréalais.

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Salt

Indie rock

Salt

Half Moon Run

The Pepper Gang/BMG

5,5/10