Un peu plus d’un an après la mort de leur batteur, les Foo Fighters lancent un 11e album dont la raison d’être semble plus évidente que celle de leurs parutions de la dernière décennie.

Ce n’est pas la première fois que Dave Grohl vit un deuil en public. Au moment de lancer en 1995 le premier album des Foo Fighters, tous les scribes de la planète en ont scruté ses paroles, à la cherche de références au suicide de Kurt Cobain, même si le batteur devenu leader répétait avoir créé ces chansons avant que son ami le quitte.

Personne n’aura besoin de creuser entre les lignes du 11e album du groupe américain pour voir apparaître l’ombre inquisitrice de la mort, qui plane du premier jusqu’au dernier accord de guitare. Écrit à la suite du départ tragique du batteur Taylor Hawkins survenu en mars, puis de celui de la maman de Grohl survenu en août, But Here We Are n’a qu’un seul sujet : celui du grand partir.

Au cours des dix, voire des quinze dernières années, les albums des Foo auront souvent ressemblé à des tentatives parfaitement accessoires de justifier une autre tournée. Ce nouveau disque, sur lequel Grohl occupe le tabouret de batteur, trouve ainsi dans la tristesse à transcender, et dans la mémoire à honorer de leur camarade, des raisons d’être évidentes.

« You showed me how to grieve, never showed me how to say goodbye », répète le chanteur comme un mantra dans The Teacher (sa mère était professeure), une chevauchée de dix minutes dans les montagnes russes du deuil, à laquelle sa fille Violet prête sa jolie voix. Une présence significative, parce qu’au-delà de notre finitude, But Here We Are est habité par la question de la transmission, de ce que laissent derrière eux ceux qui s’en vont.

Il y avait longtemps que le groupe n’avait pas offert un gros refrain fédérateur aussi poignant que Rescued, qui donne le ton à un album sur lequel le groupe renoue à quelques moments clés avec une force de frappe qui l’avait déserté. Et si Foo Fighters est toujours un peu guetté par la banalité d’un rock générique, sa formule éprouvée, presque éculée, est ici injectée d’un surcroît d’impétuosité. Un surcroît de vie.

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But Here We Are

Rock

But Here We Are

Foo Fighters

Roswell/RCA

6,5/10