Olivier Dion va se souvenir longtemps du printemps 2023. En plus d’animer L’île de l’amour, le chanteur lance Sur le fil, son troisième album, mais le premier en tant qu’indépendant, après avoir quitté la multinationale Columbia. S’il continue de faire de la pop urbaine et des mélodies accrocheuses son terrain de jeu, le créateur cherche aujourd’hui à montrer son vrai visage.

Le teint bronzé par le soleil de la République dominicaine, Olivier Dion s’exprime en visioconférence sur son désir d’introspection et d’ouverture. « Après Star Académie, Marc Dupré avait écrit la majeure partie de mon album et j’avais écrit une ou deux chansons personnelles. Aujourd’hui, chaque chanson parle de moi et aborde parfois des thèmes assez lourds. Avant, les maisons de disques ne me laissaient pas faire ça. »

Il raconte d’ailleurs avoir mis de côté une chanson intitulée Mon vrai visage. « Elle parlait de ce masque que je semble avoir en public et de cette dichotomie entre ce que les gens voient et ce que je ressens. Je projetais une image formatée. Je donnais les réponses qu’on voulait entendre. J’avais toujours l’air d’un gars sûr de lui. Je ne suis pas qu’insécurité, mais je ne suis pas que force non plus. »

Souvent écrasé par le regard des autres, Olivier Dion se sait coincé dans une dualité à propos de son corps.

On m’a tellement parlé de mon physique et ça m’a toujours gossé. En même temps, c’est quelque chose que je mettais de l’avant. J’en voulais aux gens, mais je ne leur proposais pas toujours autre chose.

Olivier Dion

Chaque fois qu’il publie une photo sur laquelle sa beauté est mise à l’avant-plan, il se sent mal. « La semaine passée, j’ai publié une vidéo dans laquelle on montre mes vêtements et où j’enlève ma chemise. C’est une vidéo de mode comme on en voit mille. Pourtant, ce jour-là, j’ai dit cinq fois à ma blonde que je devais l’enlever. Ça a généré de l’anxiété chez moi. »

La légitimité de l’artiste

Si elles sont presque toutes contrebalancées par des musiques entraînantes, les chansons de Sur le fil lèvent le voile sur ses insécurités et son syndrome de l’imposteur. « Je me suis perdu durant la création de mon album précédent, Exposed. Je travaillais avec des producteurs de Los Angeles et de Londres. J’aimais les tounes, mais était-ce vraiment moi ? Je n’avais pas le sentiment d’avoir trouvé mon son. »

Alors entouré par de grosses pointures, le chanteur s’est questionné sur sa légitimité artistique. « J’ai toujours eu l’impression que pour être un vrai artiste, il fallait passer sa vie à écrire des chansons, sans jamais faire un projet trop grand public parce que ça rapporte. Moi, j’aime créer et faire de la scène, mais je ne suis pas du genre à faire de la musique tous les jours pour exprimer mes émotions. »

Conscient qu’il a tendance à beaucoup se taper sur la tête, Olivier Dion essaie d’assumer sa nature.

En étant à la barre de L’île de l’amour et en sortant cet album, j’assume que je peux avoir plusieurs intérêts. Ça ne fait pas de moi un moins bon artiste.

Olivier Dion

Il se réconcilie donc avec la joie ressentie à la barre de Danser pour gagner en 2018. « Même si j’avais tripé, j’avais choisi de ne pas refaire d’animation pour me concentrer sur la musique. » Des années plus tard, le vent a tourné et il a décidé de nager dans les eaux de L’île de l’amour. « Je voulais revivre une expérience d’animation. Il y a quelque chose qui se passe en télé qu’on ne retrouve pas ailleurs. Ce sont de gros plateaux. Une centaine de personnes travaillent sur L’île de l’amour. »

S’il est arrivé en République avec l’intention de se concentrer sur le travail, il a vite compris que les sources de distraction seraient nombreuses. « À L’île de l’amour, il y a une équipe de jour et une de soir. Quand l’une est au resort, je peux facilement aller chiller à la piscine avec eux. Ça m’a pris deux semaines pour trouver mon rythme et ma petite routine. Cela dit, je ne me suis pas mis trop de pression. »

Jour après jour, il participe à des rencontres de production pour connaître l’évolution des participants, il tourne quelques interventions et il se concentre sur la mise au monde de son album, dont il est aussi le producteur. « J’avais déjà lancé des singles comme indépendant, mais avec tout un album, la charge de travail est beaucoup plus élevée. Il y a beaucoup de réflexion sur la manière dont je vais amener les gens dans cet univers. »

Olivier Dion a investi plus de trois ans dans ce changement de cap. « C’est un gros test. J’ai hâte de voir ce que ça va donner de faire de la musique qui me représente. J’aimerais tellement que ça fonctionne pour ensuite partir en tournée au Québec et en France. »

Sur le fil

Pop

Sur le fil

Olivier Dion

Indépendant