Le duo Milk & Bone vient de faire paraître son troisième album, Chrysalism. Après 10 ans de collaboration et tout en poursuivant plusieurs projets individuels, Laurence Lafond-Beaulne et Camille Poliquin se retrouvent pour nous parler de leurs peines, de leurs forces, de leur transformation et de leur résilience.

Les chansons de Milk & Bone sont entonnées d’une seule voix. Mais Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne interprètent leurs textes comme si elles avaient toutes deux vécu ce qu’elles racontent. « Ça fait 10 ans qu’on travaille ensemble, dit Laurence. On se connaît vraiment bien, donc quand Camille me parle de son idée, je sais exactement ce qu’elle veut dire. Il y a quelque chose de magique dans cette rencontre-là. Les chansons n’ont pas l’air d’être séparées, nos univers sont complémentaires. »

« Juste d’être au courant de ce qui se passe dans [la vie de Laurence], de me mettre à sa place, de me demander comment je me sentirais si j’étais elle, ça me permet d’écrire à travers elle, mais avec mon lexique, qui est différent », ajoute Camille.

Cette dernière a souvent eu à se prêter à cet exercice lors de l’écriture de Chrysalism, qui porte notamment sur le cheminement de Laurence après une « rupture vraiment douloureuse ».

On n’était pas aux mêmes places du tout, on ne vivait pas les mêmes épreuves. J’étais ravagée par toutes mes émotions, j’étais dans le vif de la douleur. Et vers la fin, tranquillement, j’étais dans le laisser-aller des choses qui ne sont pas faites pour exister.

Laurence Lafond-Beaulne

Sa partenaire confie s’être souvent trouvée dans cette position auparavant. « Mais durant la pandémie, j’ai trouvé énormément de force pour avoir du recul sur moi-même, par rapport à ma condition de femme. Sur ce que je remarque dans mon industrie et dans le regard des hommes sur moi et mes paires. » Dans sa relation amoureuse à elle, « pour la première fois, je questionnais si ce que la personne me demandait était valide », raconte Camille. « Je ressentais beaucoup d’injustice par rapport à mes relations passées. J’avais une grosse frustration, mais aussi une énorme liberté de pouvoir m’affirmer. »

Le calme et l’orage

Chrysalism parle de tout cela. Des souffrances et de la guérison de Laurence, qui raconte avoir « gagné beaucoup de force et de confiance en [elle] ». De cette même force que Camille s’est découverte, qui l’habite plus que jamais. Tous ces thèmes se recoupent sous le terme choisi pour coiffer leur nouveau disque. Le chrysalisme, c’est le calme que l’on ressent en étant à l’intérieur lorsqu’un orage gronde.

Ce néologisme s’est retrouvé dans leur dossier d’idées de titre dès le début de la création et ne les a jamais quittées. « Ça englobe tellement bien l’album : il parle beaucoup de ce monde intérieur et de la force qu’on va chercher malgré le chaos extérieur de nos vies, des évènements, des blessures, des douleurs, des déceptions. »

Camille mentionne également le mot chrysalide. « C’est de dire qu’on a le droit d’être encore en évolution, qu’on n’est pas obligées d’être parfaites tout de suite. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne, du duo Milk & Bone

La magie de Micah Jasper

Le processus de création du disque est loin d’avoir été continu, puisque les auteures-compositrices-interprètes se permettent de vivre toutes sortes de projets professionnels chacun de leur côté, mais aussi, simplement, d’exister en dehors de Milk & Bone. « C’est important qu’on cultive ce qu’on est créativement et personnellement, pour qu’ensuite, quand on se réunit, notre travail soit vraiment l’équation de nous deux, estime Camille. Plus on s’investit dans nos projets personnels, plus ça va nourrir notre projet ensemble. »

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Le duo s’est surtout permis une « vraie pause » avant de se remettre à travailler. Quand est revenu le temps de créer pour Milk & Bone, Laurence et Camille ont fait appel au réalisateur américain établi à Los Angeles Micah Jasper, qui est vite devenu leur meilleur allié pour ce nouveau disque. « Il travaille avec les gens qu’on aime, il aime les mêmes choses que nous, il a les mêmes références, dit Camille. Micah est vraiment en mesure de synthétiser nos deux univers, d’en faire un produit final auquel il appartient aussi. Il a vraiment été un personnage important dans ce processus. »

Le côté pop

Plus « upbeat » et léché, Chrysalism affirme encore plus le côté pop de Milk & Bone, même si le duo estime avoir « toujours fait de la musique pop ». « Quand c’est mélancolique, c’est moins considéré comme de la pop, note Camille. Mais cette fois, on peut écouter tout cet album dans la voiture ! »

On sent également la touche de Micah Jasper dans le traitement des voix, qui d’ailleurs portent beaucoup plus qu’avant, grâce à l’expérience et à l’exploration.

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