Julian Lennon remet ça avec un septième album bien produit et livré, mais en manque de personnalité sur le plan sonique.

Sur Save Me, qui lance l’album, les influences sont limpides (d’Elton John à Radiohead). La pièce s’entend comme un pastiche plutôt qu’une œuvre à part entière. La personnalité de Lennon ne se manifeste à aucun moment. Et plus l’écoute avance, plus se maintient l’impression que les airs sont des emprunts plutôt qu’un reflet d’une identité.

Les références à Radiohead se poursuivent tandis que d’autres chansons ramènent plutôt à Oasis ou même… aux Beatles. Ce n’est même pas que l’écoute de ce septième album de Julian Lennon déplaît, c’est plutôt qu’il n’amène pas beaucoup de matière à découverte.

Les textes, écrits sur plusieurs décennies, sont heureusement la fenêtre que l’on attendait. Si les paroles ne sont pas des plus élaborées, elles font clairement comprendre les peines, les réalisations et les revendications de Lennon.

Celui-ci a récemment dit en entrevue avoir une relation amour-haine avec la chanson Hey Jude, puisqu’elle lui a toujours rappelé le fait que son père a quitté sa mère et lui pour une autre relation. Il a tout de même intitulé son album Jude. Une référence claire à cet hymne initialement intitulé Hey Jules. Mais, surtout, une façon de se proclamer, d’affirmer qu’il est devenu quelqu’un en dehors de ce Jude.

La barre est malheureusement plus haute quand on fait de la musique avec ce patronyme. Il ne doit pas être évident de se départir de l’étiquette du « fils de l’autre » et quelque chose dans cet album semble montrer que cela l’a longtemps hanté.

Il est injuste de tomber dans la comparaison — surtout que Lennon s’est déjà prouvé avec des parutions précédentes. Mais au-delà des parallèles inévitables, même lorsqu’on ne s’attarde qu’au produit sans son contexte, on n’est pas tout à fait convaincus. Tant dans les mots que dans les compositions, Lennon tombe parfois dans une facilité qui frôle le sirupeux (Love Don’t Let Me Down et Breathe en sont des exemples suprêmes). Une chose rattrape le tout (outre une habile production) : l’émotion, aussi vibrante dans la voix de Lennon que certaines mélodies sont insipides. Ces chroniques, résultant de plusieurs années d’écriture, sont chères à l’artiste, c’est évident. Il transmet joliment ce sentiment.

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Jude

Rock

Jude

Julian Lennon

Music From Another Room

6/10