Les Hôtesses d’Hilaire sont des bibittes étranges. Serge Brideau et sa bande acadienne vouent un culte au psychédélisme, qu’ils expriment au sein d’un univers loufoque et déjanté qui permet à peu près toutes les formes d’expérimentation musicale et scénique. Le trip est renouvelé avec Pas l’temps d’niaiser, quatrième album studio qui s’apparente à une visite dans le magasin de bonbons musical des années 1970.

Les Hôtesses d’Hilaire ont fait tout un tabac en présentant sous forme d’opéra rock leur dernier album Viens avec moi, lancé en 2018. Ils sont parfaitement à l’aise avec la formule lyrique, et on le constate d’entrée de jeu sur Washed Up Rock Band, du rock’n’roll théâtral à la Meatloaf. Safe to Say met en valeur la basse frétillante du nouveau venu Rémi Arsenault dans un morceau funky à souhait où Brideau se permet même un bout rappé à la Cypress Hill.

La chanson-titre, improvisée en partie par un Brideau éméché, qui peine à chanter sur la signature rythmique en 15/8 – « j’ai mangé trop de drogue et j’ai trop bu, je ne trouve pas mon timing » –, nous amène ensuite en territoire prog, dans un autre rayon du magasin de friandises seventies. On y reviendra aussi avec Autour du trou – illustrée par le récit au téléphone d’une panne mécanique subie par Brideau –, sur l’instrumentale en 7/8 Zôtesses ou même dans la finale à la Genesis époque Nursery Cryme de Mémère, histoire d’une brosse de Brideau au salon funéraire à l’occasion de la disparition de sa grand-mère.

Le côté hard rock à la Deep Purple exposé dans les premiers albums énergiques des Hôtesses est toujours présent, notamment dans This Is my Pencil, où le chanteur raconte son affection pour un crayon. L’aventure s’achève avec Hilaire à Joe Brideau, hommage maladroit mais senti du chanteur à son père, lové dans la chaleur des notes d’orgue complètement sixties.

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Pas l’temps d’niaiser

Rock

Pas l’temps d’niaiser

Les Hôtesses d’Hilaire

Duprince

7/10