Sous-représentées, dévalorisées et souvent harcelées, les femmes qui œuvrent dans l’industrie musicale n’ont pas la vie facile, rapporte une étude de la Fondation Musicaction.

Une nouvelle étude sur les femmes dans l’industrie musicale canadienne francophone met en lumière de nombreux défis rencontrés par celles qui cherchent à se faire une place dans ce secteur culturel. Dirigé par Joëlle Bissonnette, professeure au Département de management de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, pour la Fondation Musicaction, avec l’appui du Gouvernement du Canada, le rapport se base sur le témoignage de 600 femmes qui travaillent parmi tous les corps du métier de l’industrie musicale.

Premier constat, la majorité d’entre elles estiment leur travail dévalorisé, ou jugé plus sévèrement que celui des hommes. Plus de la moitié disent avoir subi du harcèlement psychologique ou sexuel au travail. Le document aborde aussi la question de la sous-représentation des femmes dans les programmations musicales des festivals et des radios. Comme l’a rappelé récemment l’actualité avec l’absence d’artistes féminines dans la programmation 2022 du Festi-Plage de Cap-d’Espoir.

Relisez le texte « Émile Bilodeau annule sa présence à un festival gaspésien »

Horizon de carrière

Le document dépeint les conditions socio-économiques des femmes dans l’industrie musicale canadienne francophone, soulignant entre autres que 57 % des répondantes ne peuvent consacrer 100 % de leur temps et tirer 100 % de leurs revenus de leurs activités professionnelles. De plus, 70 % des artistes (interprètes, autrices, compositrices) se disent « moins avancées qu’elles auraient espéré l’être à l’étape de leur carrière où elles sont rendues ». Et plus de la moitié (54 %) doivent exercer des activités professionnelles dans un autre secteur que leur passion musicale.

On note aussi que 89 % des mères d’enfants à charge qui ont répondu au sondage à l’automne 2020 disent vivre des difficultés en matière de conciliation travail-famille, et ce, dans tous les statuts professionnels ciblés par l’étude. Une grande proportion des répondantes (60 %) a déjà songé à abandonner leur carrière musicale.

Le rapport fait toutefois ressortir des pistes de solution pour aider à favoriser l’épanouissement du leadership au féminin. Comme par exemple bâtir des regroupements professionnels ; offrir du mentorat ; transmettre ses connaissances, ses contacts et son expérience aux jeunes femmes de la relève.

« Les pistes de solution dégagées reflètent les besoins exprimés par ces femmes de tous les corps de métier, et les recommandations qu’elles ont formulées pour répondre aux défis soulevés. En somme, ces résultats peuvent servir de coffre à outils pour inspirer toutes les parties prenantes du secteur, selon leur champ d’action respectif, et ainsi stimuler une meilleure inclusion des femmes dans l’industrie canadienne francophone », peut-on aussi lire en conclusion de cette vaste étude.

Consultez la version complète du rapport de cette étude (finalisée en mars 2022)