« Being a bitch is not illegal », laisse tomber Kathryn McCaughey juste après l’intro gospel de Better Each Day, en se réappropriant positivement ce vilain mot qui commence par b. Heureusement que ce n’est pas un crime d’avoir autant de culot. Sinon, il y a longtemps qu’elle aurait été coffrée.

Deuxième EP du quatuor montréalais NOBRO, Live Your Truth Shred Some Gnar s’élève à la hauteur des prétentions que contient son titre. « Shred Some Gnar » est une expression propre au vernaculaire des sports extrêmes, employée afin de célébrer des exploits particulièrement époustouflants. Car elles sont bel et bien époustouflantes, ces 21 minutes d’hymnes à l’insouciance, conçus pour avaler sa canette en vitesse et foncer vers la scène ou pour affronter la demi-lune avec sa planche à roulettes (Eat Slay Chardonnay, un blitzkrieg de 93 secondes, aurait été à sa place dans la trame sonore du jeu vidéo Tony Hawk’s Pro Skater).

Rythmes à tombeau ouvert, volume à 11, camaraderie contagieuse ; les femmes indociles de NOBRO pratiquent un genre dans lequel l’attitude ne fait pas exactement foi de tout, mais de beaucoup. Si leurs chansons sont autant de moteurs construits pour rouler vite, l’ensorcelante insolence de la leader Kathryn McCaughey, qui passe aisément de la nonchalance à l’impétuosité, en est le carburant. À ses côtés : la « guitare héroïne » Karolane Carbonneau, la fracassante batteuse Sarah Dion et Lisandre Bourdages, la percussionniste la plus frénétique depuis Andy Kaufman.

Leçon de rock en accéléré, Live Your Truth Shred Some Gnar puise dans le punk boule de gomme façon Ramones, dans la discordance mélodique du rock alternatif des années 1990 et dans la résurgence garage du début du millénaire, sur ces sept pièces qui auraient toutes pu figurer sur certaines des meilleures éditions de la compilation Big Shiny Tunes, tant ces tounes sont, elles aussi, immenses et rutilantes.

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Live Your Truth Shred Some Gnar

Punk rock

Live Your Truth Shred Some Gnar

NOBRO

Dine Alone Records

8/10