« Quand les possibles tendent à disparaître/Je décolle et je m’envole/Pour d’autres horizons », souffle Virginie B dans Insulaire, languide invitation à s’enfoncer dans les îles d’une féconde nuit blanche.

Ces quelques vers encapsulent parfaitement l’idée maîtresse d’INSULA, qui emprunte à la musique soul cette façon de transcender les maux du corps, en procurant à l’âme le baume de la musique, et de transcender les tourments de l’âme, en investissant chaque parcelle de son corps que fait vibrer le rythme. Exploration crépusculaire des écueils de la découverte de soi, ce premier album parle à la fois de l’obscurité comme d’un refuge et d’un lieu qu’il faut un jour apprendre à quitter.

Épigone de Frank Ocean et autres Celeste, des créateurs qui savent honorer la lascivité du R’n’B, tout en en rejetant la guimauve, l’autrice-compositrice-interprète imagine ainsi une trame sonore idéale pour tout ce que la chambre à coucher peut accueillir de détresses, de doutes et d’extases. « Et j’envie toutes celles qui t’ont déjà goûté », susurre-t-elle dans la très Prince SEXUS, une candidate sérieuse au titre de la chanson la plus lumineusement cochonne de 2022.

Coréalisé par l’artiste avec Louis Jeay Beaulieu, INSULA est un authentique voyage dans l’apesanteur du demi-sommeil, qui gagne donc à être écouté du début à la fin. Il marque la naissance d’une musicienne qui a certes bien assimilé les sonorités phares de la pop actuelle, mais qui se les approprie avec une aisance telle que même ses emprunts les plus flagrants passent moins pour de l’imitation que pour des hommages.

Oniriques et charnelles, lysergiques et mélancoliques ; ces 11 pièces offrent à la complexe impureté du désir physique le miroir d’une riche panoplie d’influences dream pop, nu-disco et néo-soul, qui nous parviennent comme à travers le voile d’une transe douce, quelque part entre l’ivresse du soleil qui se couche et la promesse de l’aube.

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INSULA

R’n’B alternatif

INSULA

Virginie B

Indépendant

7/10