Depuis ses débuts, en 1995, les préférences musicales de Mark Oliver Everett, l’homme à la voix cassée derrière le pseudonyme Eels, sont bien connues de ses fans : alt-folk faussement dépouillé, rock mélancolique ou encore blues bien gras, aux guitares dissonantes.

Musicalement, il ratisse large. Et il attire l’attention : début de carrière prometteur – grâce à la pièce Novocaine for the Soul (1996) –, tentative d’appropriation politique de l’album Daisies of the Galaxy (2000) par le futur président des États-Unis George W. Bush, présence remarquée sur de nombreuses trames sonores, notamment la série de films animés Shrek, etc.

Le fil conducteur de tout ça ? Les textes. Les 14 albums de la discographie d’Eels racontent essentiellement la même chose : des histoires… de loser. L’auteur-compositeur fait siennes les détresses des laissés-pour-compte, qu’il enrobe d’une écriture sarcastique et pince-sans-rire, souvent teintée d’humour noir.

Tout ce préambule nous mène donc à cet Extreme Witchcraft, plus récent album de son parcours, sorti vendredi. Réalisé par John Parish (collaborateur de longue date de PJ Harvey), avec qui Mark E avait déjà travaillé sur l’album Souljacker (2001), on se doutait qu’il serait bien blues et bien rock. Et c’est exactement ce qu’il est.

0:00
 
0:00
 

Les chansons Amateur Hour, Good Night on Earth et Steam Engine donnent le ton : les airs blues prennent les commandes, alors que les guitares résonnent et que la voix rauque de Mark E pousse des paroles telles que « I feel so cold now/I might be dyin’/When things were good/I can’t remember ».

Si certaines pièces laissent entrevoir quelques moments d’éclaircie au loin (Good Night on Earth, Strawberries & Popcorn) ou encore une parade à l’inertie (la rageuse What It Isn’t), finalement, Extreme Witchcraft n’est pas un album joyeux, bien au contraire. Rien de nouveau dans l’univers d’Eels, vous nous direz. Et c’est vrai. Mais cette fois, et même avec la présence du vénérable Parish derrière la console, Eels semble manquer d’inspiration. Un album triste, donc, même pour l’auditeur.

Extreme Witchcraft

Rock blues

Extreme Witchcraft

Eels

E Works

5/10