Le morceau Vibez, plus récent extrait de l’album Nobody Is Listening, de Zayn, laissait présager un nouveau disque agréable, mais sans plus. L’énigmatique Britannique se réservait le droit de nous surprendre. Le court opus de 36 minutes est convaincant. Il est même franchement bon… la plupart du temps.

Après son Icarus Falls d’une heure et demie, paru en 2018, bien plus complexe, panaché, Zayn a décidé de renoncer à toute production trop poussée. L’introduction, Calamity, évoquant le rap de Stormzy, surprend agréablement. Le chanteur, qui promettait son album le plus personnel, offre une déclamation très brute (dans la voix et dans les mots), sur une piste sonore mélancolique complètement épurée.

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Le reste du disque se poursuit dans la même veine. Il maintient cette intention de ne pas trop en faire, de garder la musique et la voix simples, dans des tons R&B et pop peu risqués, mais efficaces. Zayn avait une vision claire pour cet album qui, sur le plan des sonorités, forme un tout cohérent.

Mais la qualité de Nobody Is Listening est inégale. On a parfois l’impression, à l’écoute d’un refrain, qu’on a dans les oreilles un petit bijou du R&B moderne. Puis, l’enthousiasme redescend. Le premier duo, avec la chanteuse américaine Syd, intitulé When Love’s Around, compte parmi les moins bons coups. Peut-être est-ce parce que cette production a déjà été maintes fois entendue chez d’autres ? La chanson ne donne pas l’impression d’avoir été travaillée.

IMAGE FOURNIE PAR SONY MUSIC

Nobody Is Listening, de Zayn

Sur Connexion, l’ancien membre de One Direction s’aventure à l’opposé de la pièce précédente, et ça lui réussit à moitié. Il se risque à pousser des notes si hautes qu’on se demande même s’il n’aurait pas dû descendre d’une octave. Outside, sur laquelle il brille vocalement, lui permet de se rattraper. Globalement, le chanteur, qui a toujours pu compter sur une voix solide, s’en sort très bien sur ce plan.

Sweat, à mi-chemin sur l’album, fait penser à The Weeknd, pour les bonnes raisons. Un peu sinistre, un peu inspirée des années 1980, cette ode au plaisir charnel est exquise. Puis, entre Unfuckwitable (une des meilleures) et la très jolie finale River Road, l’entraînante Windowsill, collaboration avec le rappeur Devlin (dont on aurait pu et dû se passer), vient de nouveau semer le doute : cet album est-il vraiment bon ou simplement… satisfaisant ? Quelques écoutes plus tard, parce qu’il tombe plus souvent dans le mille que le contraire, Zayn nous convainc de rester attentif à ce qu’il a à offrir. La suite est prometteuse.

★★★½

Pop/R & B. Nobody Is Listening. Zayn.