Avec Contradictions, le rappeur Franky Fade officialise son envol solo. Le parolier du collectif Original Gros Bonnet dévoilera prochainement son projet le plus intime : un premier album sur lequel il parle enfin en son nom. La Presse a discuté avec lui.

« C’est le premier projet aussi abouti que je porte moi-même, et je crois que je l’ai relevé du mieux que je pouvais », confie Franky Fade, rencontré dans un petit café du quartier Rosemont.

On a l’habitude de le voir entouré de ses compagnons du collectif hip-hop alternatif Original Gros Bonnet. Ce jour-là, il est venu seul.

Car Franky Fade s’apprête à faire le grand plongeon : un premier album solo, qui sortira sur les tablettes le 8 octobre. L’artiste de 25 ans avait déjà exploré cette avenue avec son EP Diamonds (In The Rough), sorti en 2017. Mais Contradictions est sa véritable entrée en scène. Sa présentation officielle au public.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

L’opus de 10 morceaux, dont Rewind et Vertige ont déjà été dévoilés, aborde des thèmes très personnels à son créateur, comme la peur de l’engagement et sa difficulté de s’ouvrir à l’autre. « Je suis comme le métal, je suis dur à percer », image-t-il dans Métal, qui ouvre l’album. Ce n’est pas dans Original Gros Bonnet qu’on entendrait ce genre de paroles de la voix rauque du rappeur, qui en est aussi l’auteur désigné.

J’aurais eu moins de facilité à parler de ces choses-là dans le groupe. Inconsciemment, j’essaie d’inclure les autres gars dans ce que j’écris. Là, je ne me sens pas porte-parole de sept personnes. C’est juste moi et ma musique.

Le rappeur Franky Fade

Il y a cette histoire d’amour, par exemple, qui devient un fil conducteur de l’album. Entre le désir d’aimer et la peur d’être blessé (et de blesser), Franky Fade met son cœur sur la table, et le dissèque carrément devant nous. Au fil des morceaux, sa réflexion évolue (nous lui avons demandé, et oui, il a fini par se laisser porter par l’amour).

En fait, l’album en entier a été écrit comme un exercice d’introspection.

« Le titre de l’album, Contradictions, est arrivé assez vite. Tout au long de la création, je cherchais à présenter ces contradictions que je trouve en moi et à tenter de les comprendre. Ça m’a permis de faire moi-même mon bout de chemin dans cette réflexion. »

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Derrière la console

Rassurons les admirateurs d’Original Gros Bonnet : Franky Fade ne compte pas quitter le groupe, formation gagnante des Francouvertes 2019. Il a planché sur Contradictions après la sortie de leur dernier album, Tous les jours printemps, et avant que le collectif ne retourne en studio.

« Je ne voudrais jamais compromettre ma relation avec les gars et ce projet que je trouve magnifique pour des ambitions personnelles. Je pense que c’est vraiment possible de faire les deux en même temps », affirme sans hésitation l’artiste.

Les gars sont aussi derrière lui dans ce projet. Certains y ont même participé, dont le DJ Sambé, le batteur Louis René et le saxophoniste et flûtiste Arnaud Castonguay. Reste que la majorité des orchestrations ont été composées par Franky Fade, qui (peu le savent) est pianiste de formation avant d’être écrivain.

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Il souligne s’être inspiré de la soul des années 1960 et 1970, avec des structures harmoniques simples, mais des arrangements complexes et immersifs, qui vont plus loin que « le loop répété qu’on entend beaucoup dans le rap ».

Le rappeur navigue entre des morceaux très dansants comme VVM et Bon ami (l’extrait le plus pop de l’album) et des sons mélancoliques avec la touchante déclaration d’amour Vésuve.

Pas d’attentes

À quelques jours de la sortie de Contradictions, Franky Fade ne se fait pas d’illusions : le succès d’Original Gros Bonnet n’est pas garant du sien. Mais il a confiance en ce premier album qu’il porte entièrement sur ses épaules.

« Je ne me fais pas trop d’attentes. C’est un premier projet, il va falloir que j’apprivoise un nouveau public. Les chiffres, j’essaie de ne pas y penser. Je souhaite juste que les gens se reconnaissent dans mes chansons, que ça les touche, qu’ils dansent. Je suis déjà très fier. »