Après un premier album rafraîchissant, Bon Enfant continue sur sa lancée avec Diorama, dont la fabrication a soudé le groupe malgré la pandémie. Nous avons rencontré le cœur créatif du quintet, Daphné Brissette et Guillaume Chiasson.

Quand la pandémie a tout stoppé au printemps 2020, Bon Enfant était sur une bonne lancée, avec plein de spectacles à son calendrier. Daphné Brissette et Guillaume Chiasson, qui habitent ensemble, ont alors décidé de se lancer dans l’écriture d’un nouvel album.

« On a fait juste ça pendant un an, dit Guillaume. Créer, c’est ça qui nous a permis de ne pas devenir fous. »

Après une longue période faite d’échanges de maquette par courriel, une méthode « pas très organique », ils ont fini par retrouver en studio leurs complices Alex Burger, Étienne Côté et Mélissa Fortin, avec lesquels ils ont formé une « espèce de bulle ».

« Je pense que le deuxième album nous a rapprochés comme band, dit Daphné. Pour le premier, on se connaissait, mais on n’avait pas tant joué ensemble. Avec le temps, on est devenus bons amis, on comprend plus l’énergie, et notre son s’est défini. »

Il y a aussi un genre de « nébuleuse » Bon Enfant, alors que deux des membres du groupe, Alex Burger et Étienne Côté avec son projet Lumière, ont sorti des albums solos (excellents, d’ailleurs) au cours de l’année. « Et quand ils reviennent, ils sont contents, ajoute Guillaume. Personne ne se sent pogné dans Bon Enfant. »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE, LA PRESSE

Étienne Côté, Mélissa Fortin, Daphné Brissette, Guillaume Chiasson et Alex Burger

C’est ce que j’espérais du band, que tout le monde s’épanouisse artistiquement. Le fait que les musiciens shinent dans leurs projets respectifs, ça nourrit le groupe.

Daphné Brissette

Québec rock

Toujours fortement inspiré par les sonorités des années 70, Bon Enfant s’est ouvert de nouvelles avenues sur cet album, assumant encore plus son côté « Québec rock », et mettant encore plus de l’avant la voix si particulière de Daphné.

« C’est unique dans le paysage, à côté de toutes ces voix plus posées », dit Guillaume.

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Daphné acquiesce. « J’ai embrassé le fait que j’aime Marjo, Diane Dufresne. Je suis inspirée par ces voix, ces intentions brutes, cette manière de chanter avec une urgence de vivre. Mais je peux aussi chanter des choses plus douces. Moi aussi, je découvre ma voix, qui a une autre palette de couleurs ! »

La voix de Daphné est d’ailleurs le liant de cet album qui va dans « plein de directions », souligne Guillaume. « Ça crée une cohérence dans le côté hétérogène de l’écriture. C’est Daphné qui se promène d’un monde à l’autre… » Elle sourit. « Comme dans un jeu vidéo, on change de tableau ! »

À la réalisation, c’est Emmanuel Éthier (Chocolat, Corridor, Vanille, P’tit Belliveau), le genre de réalisateur qui peut prendre une pièce « très Nancy Sinatra » comme Porcelaine et l’envelopper de disco japonais, qui a eu la tâche d’habiller les chansons.

« Il avait toujours de bons cues, c’était nice comme échange, nous dit Guillaume. Des fois, il me disait : “Enlève-moi cette phrase, ça nous sort de la toune !” Mais, en général, c’était vraiment positif. Je me suis dit après que je devrais me faire plus confiance. »

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Catharsis

« La dernière chose qu’on voulait, c’était parler de la pandémie. Mais on sent que ça a créé autre chose dans l’écriture », dit Guillaume.

Sans pouvoir sortir et voir des spectacles qui auraient pu les inspirer, ils ont dû puiser en eux-mêmes pour écrire leurs chansons où l’amour et l’amitié sont déclinés sous toutes leurs formes, et qui parlent de tout ce qui leur a manqué.

« La soif des gens, l’intensité, c’est ça qui me manquait. Aussi mon amour inconditionnel pour mon métier, dont je parle dans Grandiose… », dit Daphné.

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Le projet est devenu « comme une catharsis » et le résultat est plus sombre que dans le premier album, admettent-ils.

« C’est moins hippie, moins flower power », dit Daphné. « C’est peut-être plus dark, mais ça demeure le fun, relance Guillaume. Il y a quelque chose de lumineux dans tout ça. »

D’un peu vaporeux et psychédélique aussi, comme la chanson-titre Diorama – un diorama étant la reconstitution d’univers en maquette, comme on peut observer dans des musées d’histoire naturelle.

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« Ça veut dire littéralement voir à travers une vitre, explique Guillaume. J’aime cette image. On est tellement sur nos écrans, comme si on ne voyait plus le réel de la même façon, et ç’a été exacerbé par la pandémie. C’est une chanson, mais c’est cohérent tant avec le contexte dans lequel on a fait l’album qu’avec le concept de faire un album, qui est un peu de créer un monde. C’est pour ça que c’est devenu le titre. »

Daphné Brissette et Guillaume Chiasson ont l’impression que le groupe va plus loin dans ce deuxième album, que le spectre des idées est plus large, et qu’ils sont allés explorer de nouveaux territoires.

« J’ai hâte que les gens l’entendent, l’album, que ce ne soit plus juste nous ! », dit Daphné. Même s’ils risquent d’être un peu surpris… « Comme créatrice, c’est ce que je veux. On ne veut pas que les gens sentent qu’on a fait la même chose. »

Bon Enfant sera en spectacle ce samedi avec Mon Doux Saigneur au MTelus.

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