Dans une publication Instagram vendredi, quelques instants après la sortie de son sixième opus, Certified Lover Boy, Drake l’a qualifié de « combinaison de masculinité toxique et d’acceptation de la vérité ».

L’introspection est loin d’être la composante principale de cet album tant attendu. Mais pour ce qui est de la masculinité toxique, elle tapisse effectivement ce disque en grand manque de relief, malgré une deuxième moitié réussie qui parvient presque à rattraper le reste.

Certified Lover Boy (CLB pour les intimes) se fait attendre depuis 2019. Drizzy a proposé ces dernières années des albums remarquables (pré-Scorpion) ; ce n’est pas pour rien qu’il est aujourd’hui l’un des artistes les plus respectés de son milieu. Malheureusement, cette fois, l’attente n’en a pas vraiment valu la peine.

John Lennon et Paul McCartney sont les premiers crédités sur cet album, puisque l’échantillon principal de la pièce de résistance, Champagne Poetry, est tiré de la chanson Michelle. Sur les « I love you, I love you, I love you », Drake propose non pas une chanson d’amour, mais une réflexion sur sa vie d’homme riche, couronné de succès et à la recherche de l’âme sœur. Le rythme de la pièce subséquente, Papi’s Home (où Nicki Minaj fait une trop brève apparition), est entraînant, même si Drake ne se surpasse pas du côté des textes. Un bon début, qui sera suivi d’une série de chansons décevantes.

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Masculinité toxique

Drake lui-même convient de la masculinité toxique présente sur son album. Faute avouée à moitié pardonnée, paraît-il, mais on se demande s’il n’a pas simplement pris les devants en voyant venir les critiques. Drake est loin d’être le seul dans le rap (et dans la musique) à manquer de respect envers les femmes, certes. Mais il ne dit rien d’autre de bien intéressant ou éloquent (lui que l’on connaît pour ses paroles parfois mémorables) qui viendrait équilibrer un peu le propos.

L’un des autres hics de Certified Lover Boy est qu’il donne envie de dormir. La monotonie qui s’étend sur toute la première moitié de l’album est assommante. La plupart des pièces sur lesquelles il déballe ses rimes ne produisent aucun effet.

Aussi, il est difficile de concevoir qu’une chanson comme Way 2 Sexy (avec Future et Young Thug) n’ait pas été améliorée, voire écartée de l’album. Il s’agit là de la pire chanson du disque et l’une des pires du répertoire du Torontois. Future collabore de nouveau sur N 2 Deep, qui fait mieux que la précédente, sans être mémorable. De manière générale, aucune collaboration ne produit particulièrement d’effet. Aucun nom ne surprend, mais, surtout, aucune pièce ne se démarque.

Deuxième partie plus réussie

On se retrouve à mi-chemin à en avoir assez entendu, mais l’on se rend compte qu’il en reste pour au moins trois quarts d’heure. C’est alors que les choses deviennent plus intéressantes. Avec 7am on Bridle Path, sur un beat très simple, mais accrocheur, Drake met à son service cette énergie captivante qu’on lui connaît. Suit alors Race My Mind, autre pièce qui reconquiert notre attention. You Only Live Twice détonne avec le reste du disque et se distingue joliment. La dansante Fountains, avec la chanteuse nigériane Tems, fait aussi très bonne impression.

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La deuxième partie de CLB est bien plus réussie. On a l’impression que les 13 premières chansons et les 8 suivantes ont été créées à des périodes distinctes, dans des états d’esprit différents et avec une autre vision artistique.

Plus d’une heure et demie plus tard, Certified Lover Boy n’a toutefois pas réussi à vraiment nous convaincre. Nul doute que bien des admirateurs de Drake y trouveront leur compte, trois ans après son album précédent. Mais une chose est certaine : Drake peut faire mieux.

Certified Lover Boy

Rap, R’n’B

Certified Lover Boy

Drake

OVO Sound

5/10