Cela faisait près de cinq ans que Lorde n’avait pas sorti d’album. Après l’excellent Melodrama, en 2017, l’auteure-compositrice-interprète néo-zélandaise s’est faite si discrète qu’on a cru qu’on l’avait rêvée. Et parlant de rêve, l’album Solar Power, qui annonce son retour, nous plonge dans un agréable songe psychédélique baigné de soleil.

Solar Power est un ensemble de mélodies toutes aussi exquises les unes que les autres. Majoritairement acoustique, guidé par une guitare omniprésente, magnifié par des étages de voix psychédéliques, ce troisième effort de Lorde prend une autre direction que les précédents. Ne serait-ce que dans l’utilisation de sa voix, aérienne et éthérée, la musicienne change d’approche. Elle l’avait dit en entrevue ces derniers mois : il ne s’agit vraisemblablement pas d’un album que l’on retrouvera au sommet des palmarès radio. Tant mieux.

La production est organique, les airs sont à la sauce sixties et seventies. Le titre l’annonçait (la référence au flower power de l’époque), les 12 chansons le confirment. Lorde va même jusqu’à faire allusion à Woodstock dans la jolie Dominoes, qui raconte une histoire d’amour d’une autre époque.

0:00
 
0:00
 

Il y a quelque chose de lumineux dans cet album qui porte très bien son titre. Chaque note nous permet d’imaginer l’ardeur du soleil californien (ou néo-zélandais) sur nos épaules, le vent salé de l’air en bord de mer dans nos poumons.

Le morceau California nous amène directement dans les rues de Los Angeles. Si les mélodies sont impeccables, si la voix est juste (quoiqu’on aime beaucoup lorsqu’elle prend des tons plus graves, ce qui n’arrive que rarement ici), les textes sont également à la hauteur.

Lorde s’inspire d’une musique d’il y a quelques décennies, mais s’ancre aussi dans le présent. Un bel exemple de cette exploration : Stoned at the Nail Salon, deuxième simple, dont le refrain rappelle Hope Is a Dangerous Thing for a Woman Like Me to Have, de Lana Del Rey. Solar Power est coproduit par Lorde et Jack Antonoff, qui ne manque pas de réaliser un excellent (et reconnaissable) travail.

Lorde parle de drogues (la thématique hippie est respectée tout au long), d’amour, évoque la nature et offre également une réflexion sur la célébrité, sur la vie dont elle a, semble-t-il, un peu cherché à s’éloigner ces dernières années. « I thought I was a genius but now I’m 22 and it’s starting to feel like I don’t know how to do this », lance-t-elle sur The Man with the Axe.

L’album se conclut sur Oceanic Feeling, à la basse envoûtante, une autre chanson de cet album que l’on peut très bien imaginer avoir été composée avec l’aide d’une quelconque substance planante. Ceux qui ont apprécié les deux premiers disques de Lorde ne seront pas tous convaincus par cette troisième offrande. Mais une chose est claire : Lorde, elle, a fait exactement ce qu’elle voulait, c’est-à-dire s’éjecter du train de la pop mainstream. Un choix payant.

Solar Power

Pop

Solar Power

Lorde

Universal Music

8/10