Les trois premiers soirs de juillet, Alexandra Stréliski se produira avec l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) à la Maison symphonique. Pour l’artiste féminine de l’année au dernier gala de l’ADISQ, c’est « la cérémonie de clôture » de la tournée de son album Inscape. Entrevue avec la pianiste, mais aussi l’entrepreneure, puisqu’elle vient de coacquérir un studio d’enregistrement.

Q. Où en êtes-vous à l’approche des concerts avec l’Orchestre symphonique de Montréal ?

R. Il me reste des choses à placer avec le chef Thomas Le Duc-Moreau. Comme je joue seule habituellement, il y a beaucoup d’apprentissages. En temps normal, j’improvise. Je joue la même chose, mais pas de la même façon. Je peux décaler d’un temps ou deux, car je le sens comme ça ou car je veux laisser de l’espace. Avec l’OSM, je ne peux pas faire ça, car tout va s’écrouler. J’ai aussi le même souci de faire quelque chose de visuel. […] Il faut s’assurer que tout le monde parle le même langage. Faire le pont entre le côté partitions et la scénographie. […] C’est tout un défi de faire à la fois un spectacle live et une webdiffusion. Ce sont des contraintes différentes. C’est aussi tout un défi de faire de la musique néoclassique avec un orchestre symphonique.

Q. Pourquoi ?

R. Habituellement, j’ai une approche très minimaliste et là, je dois apprendre à composer avec 68 musiciens. Mais au final, je vois cela comme une collaboration. C’est une réinterprétation de ma musique avec l’Orchestre symphonique et les arrangements de Blair Thomson. Le concert sera un hybride. La rencontre de deux mondes avec des approches différentes.

Q. C’est de partager en grand votre musique, qui est très intérieure…

R. C’est la fin de ma tournée Inscape, donc je vois les spectacles avec l’OSM comme une cérémonie de clôture. C’est un rituel et quelque chose de grandiose. Tout le protocole de la musique classique, c’est quelque chose avec lequel j’ai été beaucoup en réaction dans ma vie et que je n’aime pas forcément. Je ne pourrais pas faire cela tous les jours, mais il y a quelque chose de cérémonial, magique et touchant qui me rappelle une collation des grades. C’est aussi tout un honneur de jouer avec l’OSM.

Q. Le 8 juin, vous avez écrit sur Facebook que vous aviez le cœur gros à l’idée que la tournée d’Inscape prenne fin au Grand Théâtre de Québec « après plus de 120 dates, une dizaine de pays visités et une interruption de service d’un an pour cause de pandémie ». Avez-vous enfin combattu votre peur de la scène ?

R. Ce sont des paliers. Il y a eu l’ADISQ, les Juno, la télé en direct, l’OSM… Monter sur scène à Londres, c’est aussi un palier. Ce sont des peurs à surmonter. Mais c’est certain que je ne suis plus la même femme. J’ai tellement pris de galon et d’expérience. J’en ai encore beaucoup à apprendre, mais je me sens plus solide. Je l’ai déjà dit, mais Inscape est une étape très personnelle et un accomplissement. Après avoir vécu une dépression et une séparation, Inscape a été une reconstruction dans tellement de beauté et d’immensité de choses vues. Ce fut un gros palier de vie.

Q. Cela met de la pression pour un prochain album ?

R. C’est certain, mais c’est l’fun de savoir qu’un public l’attend. Il y a tellement de gens qui m’écrivent que je me dis qu’il y aura toujours quelques milliers de personnes qui seront contentes d’écouter mon album. J’essaie de me ramener à cela, car c’était l’intention à la base. Il y a de grandes portes qui s’ouvrent et je vais les franchir pour voir où le chemin me mène, mais j’ai toujours en tête de faire des tartes et de les vendre au marché et de juste mettre ma musique sur l’internet…

Q. Dans un même sujet, votre pièce Plus tôt a plus de 46 millions d’écoutes sur Spotify. C’est beaucoup…

R. Oui, c’est beaucoup. J’ai une super équipe derrière moi, notamment pour le streaming, et cela compte pour beaucoup aussi.

Q. Passons au segment « sucré salé » de l’entrevue… Écoutez-vous le hockey comme votre sœur Léa Stréliski [qu’on peut lire dans La Presse jaser de hockey avec Yves Boisvert] ?

R. Ma sœur me gossait avec ses tweets de hockey, mais là, elle m’a mise dedans. J’ai toujours aimé regarder les sports d’équipe. Le foot aussi… C’est beau de voir des gens briller ensemble. Quand tu vois le Canadien gagner, c’est parce que tous les joueurs ont travaillé en équipe. En ce moment, je trouve que le hockey nous aide à déconfiner de façon positive. Il y a tellement de clivages qui se sont exacerbés pendant la pandémie. Je trouve que le hockey guérit carrément des choses.

Q. Des plans de vacances pour l’été ?

R. En août et je pense que je les mérite ! Je viens de faire l’acquisition d’un studio avec mes deux anciens partenaires du studio Lamajeure [Mathieu Morin et Maxime Navert]. Le studio avait été racheté par la boîte Attraction et j’avais arrêté de faire de la musique publicitaire, mais les garçons ont continué leur chemin et ils m’ont approchée pour racheter le studio. […] On fait beaucoup de sons de projets immersifs, et moi, j’espère y faire tous mes projets de musique de film. […] C’est une grosse affaire et une belle histoire de jeunes entrepreneurs. Nous avons signé le 1er avril et j’ai appris beaucoup de trucs juridiques. […] Je suis dans un couple binational, donc ce fut aussi beaucoup de papiers et de tests de COVID dans la dernière année.

Q. Et un prochain album ?

R. En septembre, je suis à temps plein sur le nouveau matériel. J’ai déjà de bonnes tounes, et cela se peut que je fasse quelques nouveautés si j’en ai le courage à la fin du spectacle avec l’OSM. Je n’ai pas de date de sortie, mais ce ne sera pas dans cinq ans, promis !

Les questions et les réponses ont été éditées par souci de concision et de clarté.

Alexandra Stréliski se produira avec l’OSM à la Maison symphonique du 1er au 3 juillet sous la direction du chef assistant Thomas Le Duc-Moreau (Blair Thomson signe les arrangements). Le public pourra voir le concert en webdiffusion du 2 au 16 juillet.

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