Comme beaucoup de Montréalais, Étienne Hamel – qui est derrière le projet musical Nicolet – a quitté la métropole pour la campagne. Et ce changement de décor est au cœur de son second album, Dans la nuit lente, qui sort avec Bravo Musique.

« C’est le temps qu’on le sorte. Il fait beau », lance Étienne Hamel.

Il fait beau, au sens propre comme au figuré, constate-t-on lors de notre entrevue au parc Père-Marquette, dans Rosemont, à quelques pas du studio LaTraque, où l’auteur-compositeur-interprète du projet Nicolet a passé trois jours à préparer son spectacle de lancement qui sera présenté le 3 juin à La Tulipe.

L’album Dans la nuit lente devait sortir l’an dernier, mais il y a eu la pandémie et la vague de dénonciations qui a éjecté Éli Bissonnette de la tête de Dare to Care Records.

Si Étienne Hamel dit qu’il « fait beau » pour que son deuxième opus voie le jour, c’est que la maison de disques est devenue Bravo Musique avec Cœur de pirate aux commandes. Mais c’est aussi parce que le gouvernement vient d’annoncer son plan de déconfinement.

Semblerait-il qu’on n’aura pas à commencer notre spectacle de lancement trop tôt.

Étienne Hamel

Étienne Hamel sera accompagné d’Étienne Côté (batterie), Étienne Dupré (basse), Guillaume Guilbault (synthés) et David Lagacé (guitare). Ils sont devenus « le noyau » de Nicolet, précise-t-il.

Quitter la ville

Nicolet est le nom de la rue où était situé l’ancien appartement montréalais d’Étienne Hamel, alors que Hochelaga est le titre de son premier album et de son ancien quartier.

Il y a deux ans, Étienne Hamel a toutefois quitté Montréal pour s’établir à Sutton. L’une des pièces instrumentales de son album Dans la nuit lente s’intitule d’ailleurs La marche des ombres sur le mt. Glen.

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Quand on lui demande pourquoi son rapport aux lieux semble si important, Étienne Hamel nous parle plutôt… d’intuition. « J’ai commencé à faire de la musique sur le tard », raconte le musicien autodidacte.

Dans son esprit surgissaient des idées « de lieux sonores ». Il voulait pouvoir les « matérialiser », si bien qu’il a étudié au cégep de Drummondville dans le programme technique de sonorisation et d’enregistrement.

« Il me fallait des outils à mettre dans ma trousse. »

Étienne Hamel se dit très influencé par Brian Eno. « À travers la musique ambiante, il crée des atmosphères, des espaces et des lieux », énumère-t-il avant de citer les albums Here Come the Warm Jets et Before and After Science.

Ce n’est pas du songwriting. C’est beaucoup d’intuition. C’est de se mettre dans un état créatif pour voir quelles surprises peuvent apparaître. […] C’est de canaliser quelque chose qu’on ressent.

Étienne Hamel

Pourquoi Étienne Hamel ne fait-il pas de la musique instrumentale, alors ? « Je pense que c’est une déformation sociétale, répond-il. Nous avons été tellement élevés avec la chanson avec un besoin d’être compris. »

Mais, nous apprend Étienne Hamel, il a enregistré un album instrumental pendant la pandémie et il est en train de le mixer !

Observations et questionnements

« Chanter est un coup de pinceau. Cela apporte une couleur », ajoute néanmoins Étienne Hamel, dont le chant rappelle parfois celui de Morrissey.

« Avec Hochelaga, j’étais campé dans une position d’observateur. Je voulais développer un univers onirique et surréaliste à partir d’observations assez banales. »

Dans la nuit lente s’avère peut-être plus personnel.

« L’album s’est écrit en deux phases », précise-t-il. Dans la première, il y a une « perte de sens ». C’est manifeste sur la chanson qui s’intitule Et je mettrai ma vie en danger pour me rendre au travail.

Ça me fascine, l’idée d’habiter sur la rive nord, de se lever dans la noirceur lors d’une tempête de neige de février et d’embarquer dans ton char seul pour aller dans une rangée de trafic.

Étienne Hamel

Dans les chansons de la deuxième phase, l’auteur reprend en quelque sorte le contrôle de ses émotions, ainsi qu’une position d’observateur. Le ton est même « candide » sur Le retour des animaux, sorte d’épiphanie de vivre nouvellement dans la nature. Le clip a été réalisé par Charles-André Coderre, qui sera responsable du visuel du spectacle de lancement.

La nature est aussi au cœur de la chanson Prune, où on sent planer l’ombre de Radiohead. Sur la pièce finale, Ma vie sans musique, Étienne Hamel dit : « Je sens mon âme revenir. » « C’est une chanson de mue, de transition, de passage », explique-t-il

Étienne Hamel est fort heureux d’être devenu suttonnais et d’avoir bâti sa maison de ses mains. Sa copine, Kim Besré, est par ailleurs copropriétaire de l’épicerie fine La rumeur affamée, située au cœur du village de Sutton. Son ami Antoine exploite quant à lui le disquaire Tony’s Records.

Dans la nuit lente y sera assurément en vente.

Dans la nuit lente

Chanson rock

Dans la nuit lente

Nicolet

Bravo Musique