Currency of a Man, l’album de Melody Gardot paru en 2016, était soul et par moments même un peu funk. Sunset in the Blue marque un retour à la manière douce, plus « féminine », selon la chanteuse américaine, qu’on lui connaissait déjà. Son envie de souplesse et de satin se traduit par un jazz moelleux, joliment rehaussé de cordes somptueuses et de vents qui soufflent comme une brise caressante.

Il n’y a rien dans tout ça qu’on n’a pas entendu dans ses précédents disques ou dans ceux d’autres chanteuses comme Diana Krall, par exemple, qui aime aussi les orchestrations soyeuses et les sonorités brésiliennes. Or, Melody Gardot se glisse dans cet écrin avec une finesse renouvelée et, surtout, en mettant de l’avant sa voix qui, avec le temps, a pris de la rondeur et de la profondeur. D’où ses interprétations encore plus touchantes.

Extrait de From Paris with Love

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Sunset in the Blue n’est pas aussi nostalgique et bleuté que son titre le laisse entendre. Il s’en dégage une douce chaleur, une confiance qui se traduit par une économie de moyens. Ici, ni la chanteuse ni ses musiciens n’en font trop. Et son romantisme affiché a quelque chose de rassurant — « Love is the key we must turn », chante-t-elle, en reprenant Love Song d’Elton John.

IMAGE FOURNIE PAR UNIVERSAL

Sunset in the Blue

Melody Gardot chante ici surtout en anglais et en portugais, langue dans laquelle elle signe deux chansons, mais elle chante aussi en duo avec le chanteur portugais António Zambujo (sur C’est magnifique, dont seule une phrase est en français, langue que la chanteuse parle aussi couramment). Elle reprend aussi deux standards, Moon River et I Fall in Love Too Easily, auxquels elle apporte toute sa grâce. Sunset in the Blue est, jusque dans ses demi-teintes et ses silences, un album d’une grande générosité.

★★★★

Jazz. Sunset in the Blue. Melody Gardot. Verve/Universal.