L'album a peut-être perdu un peu de sa pertinence au temps du numérique, mais Andy Shauf lui rend (encore) hommage sur The Neon Skyline, un album de 11 chansons où il relate la soirée d’un gars qui apprend dans son bar de quartier que son ex est en ville...

C’est fort dommage, mais il n’y a pas d’équivalent en français pour décrire véritablement l’esprit qui règne dans un « dive bar ». Disons que c’est un bar de quartier. Une sorte de taverne.

Le « dive bar » que l’auteur-compositeur-interprète Andy Shauf fréquente dans son quartier de Queen West, à Toronto, se nomme The Neon Skyline.

Comme son excellent nouvel album — son quatrième —, sorti le 24 janvier dernier.

En 2016, Andy Shauf avait surpris la scène musicale canadienne avec The Party, un opus où chaque chanson relatait une fête d’un point de vue différent.

C’était un album concept. Or, Andy Shauf voulait que sa suite ait un fil narratif encore plus défini et cohérent.

« J’étais très fier de The Party. Mais je voulais faire un album encore meilleur. Je me suis mis beaucoup de pression sur les épaules », dit Andy Shauf.

En solitaire

Cette fois-ci, Shauf relate la soirée d’un gars qui apprend dans son bar de quartier que son ex est en ville.

Grande première dans sa carrière : Andy Shauf a composé ses chansons à la guitare et non au piano.

Résultat : des musiques moins aériennes et contemplatives. « Plus rythmées et joyeuses, dit Andy Shauf. Des pièces folk qui peuvent être déshabillées, guitare acoustique et voix. »

C’était important pour lui d’enregistrer son album en solitaire, en y jouant de tous les instruments.

« C’était parfois un piège, se souvient-il. Surtout que j’ai fini par écrire beaucoup pour me retrouver avec 40 ou 50 chansons […]. Comme mes paroles étaient très directes, j’ai beaucoup exploré où l’intrigue de l’album pouvait aller… »

À la première chanson, la pièce-titre, le narrateur appelle son ami Charlie pour aller prendre une bière. Au bar, il retrouve la serveuse Rose.

> Regardez le clip de Neon Skyline

C’est à la deuxième chanson, Where Are You Judy, que le narrateur apprend (de Charlie) que son ex est en ville.

Sur la neuvième piste, Try Again, Judy (son ex) entre dans le bar. Ensuite, un camion de pompiers passe dans la rue, ce qui fait ressurgir des souvenirs.

Andy Shauf est particulièrement fier du refrain de Try Again.

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Si le récit d’Andy Shauf est bien personnel, son propos sur le temps — et les relations — qui passe et sur nos efforts (parfois vains) pour éviter de répéter les erreurs du passé s’avère universel.

« J’aime quand nous sommes au cœur d’une histoire en peu de temps. »

À l’écoute de The Neon Skyline, Andy Shauf peut dire mission accomplie. Et on ne s’étonne pas que l’auteur-compositeur admire la plume de Randy Newman, ainsi que celle d’auteurs de nouvelles comme Raymond Carver et Denis Johnson.

Une bonne vieille chanson

Quand nous avions interviewé Andy Shauf en 2016, il était sur le point de déménager de la Saskatchewan à Toronto. Il apprivoisait le succès, ses premières parties pour The Lumineers en Europe et les reconnaissances (Polaris, Juno).

Le jeune homme timide, intègre et modeste se plaît dans la Ville Reine. Mais il lui a fallu du temps. « Je viens d’une petite ville. J’ai dû apprendre à vivre avec l’agitation de la ville. »

Et que commande Andy Shauf quand il s’assoit au bar du Neon Skyline ?

La réponse ne surprend guère : une Old Style Pilsner de Molson.

« Cela me fait sentir à la maison », dit-il.

Andy Shauf se produira au Corona le 25 avril.

IMAGE TIRÉE DE L’INTERNET

The Neon Skyline, d'Andy Shauf