Maison de pierres est le second opus du triptyque que Nicolas Boulerice a entrepris il y a cinq ans en parallèle de ses projets collectifs avec son groupe Le Vent du Nord. Si Maison de bois avait permis de montrer les talents d’auteur-compositeur du Boulerice pianiste jazz de formation, Maison de pierres ramène le musicien sur les chemins de l’exploration de notre mémoire collective. Mais son véhicule, minimaliste aux accents jazz, est la clé de voûte d’un effort audacieux marqué par l’air du temps.

Nicolas Boulerice n’a que sa voix comme instrument, accompagnée presque uniquement par la contrebasse de son bon ami Frédéric Samson, créant des harmonies en contrepoint qui donnent une saveur cool jazz unique aux chansons traditionnelles puisées çà et là dans les répertoires de grands porteurs de mémoire comme Jean-Paul Lanoie ou Jean-Paul Guimond. C’est sans compter les ambiances sonores captées par Boulerice au hasard de longues promenades dans le printemps confiné aux abords du Richelieu.

Extrait de Le mois de mai

0:00
 
0:00
 

Les textures de l’eau qui coule, des pas qui foulent le sol terreux, des outardes qui volent ou le travail des cercles de fer d’un tonnelier donnent une dimension éthérée aux notes de la contrebasse et à la riche voix de Boulerice, magnifiées par l’acoustique naturelle de l’église Saint-Antoine-de-Padoue, à Saint-Antoine-sur-Richelieu. D’ailleurs, pour profiter de la pleine expérience sensorielle qui nous est offerte grâce au travail sans faille de l’ingénieur de son réputé Charles-Émile Beaudin, il est recommandé d’écouter Maison de pierres dans un appareil audio digne de ce nom.

IMAGE FOURNIE PAR LA COMPAGNIE DU NORD

Maison de pierres — Confiné aux voyages, de Nicolas Boulerice

Les complaintes choisies par Nicolas Boulerice sont ainsi très loin du son festif auquel il nous a généralement habitués quand il prend sa vielle à roue au sein du Vent du Nord. Mais le résultat est envoûtant, en phase avec la période trouble que nous traversons. C’est toutefois une promesse de voyages et de temps meilleurs, que l’on imagine mieux en écoutant Maison de pierres les yeux fermés, pour mieux laisser son esprit vagabonder.

★★★★

TRAD. Nicolas Boulerice. Maison de pierres — Confiné aux voyages. La Compagnie du Nord.