Le moteur de Busty and the Bass a longtemps été la scène. Les disques publiés jusqu’ici par le collectif montréalais né à la Schulich School of Music de l’Université McGill cherchaient surtout à capter l’esprit de ses spectacles. Pour Eddie, son deuxième album complet, le groupe a fait les choses autrement : il a pris le temps de se concentrer sur ses compositions et de peaufiner les arrangements de ses chansons qui embrassent des décennies de soul. Ce fut une décision éclairée.

On pourrait dire des chansons de Busty and the Bass qu’elles sont des collages. Ces gars-là semblent en effet avoir tout assimilé et être capables de tout. Ils ne se gênent d’ailleurs pas pour flirter avec le hip-hop (Go So Far, qui peut évoquer The Herbaliser), le R&B pop (Figure It Out), la pop alterno (Little Late) et même l’électro (Eddie). Éclaté, ce disque ? Assurément. Décousu ? Pas une miette, car tout ça est fait avec doigté, sans abuser de leur virtuosité.

D’un morceau à l’autre, on va de surprise en surprise, s’étonnant d’un solo de guitare ici, souriant devant la brillance des cuivres là, mais savourant toujours la générosité des orchestrations et ce sentiment de bien-être que font naître ces chansons. Eddie n’est pas un album qui s’écoute assis, ni même en se contentant de taper du pied. Il donne envie de se lever et de danser. En souriant.

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Eddie, de Busty and the Bass

Porté entre autres par la voix fabuleuse de Nick Ferraro (sensible, un brin voilée et coulante jusque dans les aigues), le groupe navigue avec une aisance stupéfiante entre les références vintage et une approche moderne. Les clins d’œil au passé fourmillent (George Clinton, de Parliament et Funkadelic, fait partie des invités), les sonorités des années 80 abondent, mais l’ancrage demeure actuel. L’un des joyaux de l’album est d’ailleurs Out of Love, chanson sur laquelle Macy Gray et Ferraro mêlent leurs voix éraillées, mais tellement incarnées.

★★★½

Néo-soul. Eddie, de Busty and The Bass. Arts & Crafts.