(Paris) Le trompettiste Ibrahim Maalouf, condamné en première instance en France pour l’agression sexuelle d’une stagiaire de 14 ans, a été déclaré non coupable mercredi en appel, une décision saluée comme une « victoire » par sa défense, mais qualifiée d’« inique » par les parents de la plaignante.

La cour d’appel de Paris a infirmé le jugement du tribunal de Créteil (à l’est de Paris), qui avait condamné l’artiste franco-libanais, aujourd’hui âgé de 39 ans, à 4 mois de prison avec sursis et 20 000 euros (31 000 $) d’amende en décembre 2018.

« Cette relaxe prononcée démontre enfin son innocence, alors que je rappelle que son nom, son honneur, ont été jetés en pâture, notamment sur les réseaux sociaux », a réagi son avocate, Me Fanny Colin, saluant une « très grande victoire pour Ibrahim Maalouf, dont l’honneur est rétabli ».

Il s’agit au contraire d’une décision « inique » pour la plaignante et ses parents, a rapporté leur avocat Me Jean-Baptiste Moquet, qui a précisé que la famille, « abasourdie », allait s’exprimer « dans les jours qui viennent. »

« Si je ne parle plus comme avocat de la victime et de ses parents, mais en tant que professionnel, c’est incompréhensible », a-t-il ajouté. « La justice n’est pas la même pour les personnalités » et « pour le commun des mortels ».

La cour n’a pas suivi les réquisitions de l’avocate générale, qui avait demandé à l’audience du 2 juin d’alourdir la peine de première instance en infligeant au prévenu deux ans de prison avec sursis et 40 000 euros (61 000 $) d’amende.

La jeune fille, qui effectuait un stage de troisième en décembre 2013 au sein de la maison de production du trompettiste, avait déclaré que ce dernier l’avait embrassée une première fois « avec la langue », un soir à la sortie d’un cinéma.

Ibrahim Maalouf a affirmé qu’il s’agissait d’un « smack », un simple « bisou » initié par la stagiaire, dont il avait repoussé les avances.

« Vérité pas partagée »

Deux jours plus tard, selon la version de la plaignante, il l’avait à nouveau embrassée, puis « attrapée par le bassin », mimant un acte sexuel, cette fois après un cours de trompette dans son studio d’enregistrement d’Ivry-sur-Seine, en banlieue parisienne.

Une deuxième séquence qui n’a jamais existé, avait protesté l’artiste, qui a produit en appel de nouveaux documents visant à justifier de son emploi du temps à l’époque.

« Ibrahim Maalouf n’a pas adopté un positionnement adéquat à l’égard (de la) jeune fille de 14 ans, nécessairement suggestible, en échangeant avec elle des messages totalement inadaptés, attitude qu’il a lui-même qualifiée de “nauséabonde” », selon l’arrêt de la cour d’appel, qui souligne qu’elle n’est cependant pas saisie de ces faits.

« Le baiser posé le 11 décembre 2013 est bien réel, mais l’intention coupable fait défaut, faute d’éléments permettant d’affirmer avec certitude qu’il en aurait été l’initiateur », poursuit la cour.

« La preuve matérielle des faits qui seraient survenus le 12 ou le 13 décembre dans le sous-sol du studio d’enregistrement n’est pas rapportée, ce qui ne signifie pas que (la jeune fille) a menti, mais que sa vérité n’est pas partagée par la cour, en l’absence d’éléments suffisamment pertinents, précis et concordants. »

La justice avait été saisie en 2014 après un signalement des parents de la jeune fille. Cette dernière, qui avait commencé à se scarifier et à avoir des troubles alimentaires, s’était confiée à un médecin. Ibrahim Maalouf avait été placé en détention en janvier 2017.

Né à Beyrouth en 1980, le musicien a été plusieurs fois disque d’or et lauréat des Victoires de la musique et d’un César. Il a collaboré avec de grands noms du jazz et est régulièrement invité des grands festivals.