À un grand âge, João Gilberto est décédé samedi. Guitariste doué et chanteur placide de la bossa nova, il fut une figure emblématique de la « musica popular brasileira » comme le furent Antônio Carlos Jobim et autres Baden Powell au tournant des années 60.

La guitare étant l’instrument central de la musique brésilienne, des virtuoses se sont imposés depuis cette époque ; on pense d’abord à Egberto Gismonti côté jazz contemporain, aux frères Sergio et Badi Assad côté classique.

Présent et avenir de la guitare brésilienne

Après l'avoir entendu samedi au Monument-National, il faut désormais inclure Yamandu Costa… et commencer par ce phénomène d’exception dans les nomenclatures à venir ! Des musiciens de cette trempe, chaque génération en compte si peu pour ainsi vous faire tomber de votre siège.

D’entrée de jeu, précisons que son approche n’a rien à voir avec la bossa nova et la samba, ou si peu. Le supravirtuose de 39 ans suggère un mélange de jazz manouche, de flamenco, de folklores panaméricains (choro, boléro, etc.), de guitare classique moderne. L’enracinement dans les patrimoines d’Amérique latine est profond, bien au-delà des clichés brésiliens, la connaissance des patrimoines mondiaux l’est tout autant.

L’articulation et la vitesse de ce guitariste sont tout simplement hallucinantes, son sens rythmique est à se rouler par terre, le tout assorti d’innovations techniques qu’il faudra étudier de près avant de les formuler clairement.

En solo, en duo (avec Guto Wirtti, guitare basse acoustique) et en trio (avec le bandonéoniste Richard Scofano), il nous aura éblouis de la première à la dernière mesure.

Avant le rappel chaudement réclamé, Yamandu Costa aura dédié ce concert à la mémoire du « génie de la musica brasileira » qui fait actuellement les manchettes de tous les médias sur cette petite planète.

Plus tôt dans la soirée…

On se trouvait au pied de la scène Casino de Montréal/Radio-Canada, derrière la Maison symphonique : notre Bïa animait comme par hasard une fête brésilienne le jour de la mort de João Gilberto.

« Nous avons perdu notre pape ! Nous avons pleuré à l’arrière-scène lorsque nous avons appris la nouvelle de sa mort. Alors nous lui dédions ce concert », d’alléguer Bïa.

La bonne humeur est revenue illico au programme.

Une foule compacte, dansante et joyeuse a réagi très positivement aux interventions de la chanteuse et guitariste brésilienne, Montréalaise d’adoption, assistée samedi des chanteurs/guitaristes Diogo Ramos et Paolo Ramos, aussi du percussionniste Sasha Daoud, du bassiste André Faleiros, du guitariste Joandre Camargo, du claviériste David Ryshpan.

Choros, sambas, bossa novas et autres variantes de MPB comblèrent le public, inutile de l’ajouter.