Pour la durée entière du FIJM, notre journaliste Alain Brunet vous propose sa traditionnelle vadrouille : chaque soir, plusieurs concerts à son programme !

Richard Galliano Inaugure le 40e FIJM

Pour une 15e fois au Festival international de jazz de Montréal, soit depuis 1984, Richard Galliano est venu éblouir les mélomanes. Que demander de mieux pour l’ouverture du 40e FIJM ?

Alain Simard et André Ménard, en tout cas, semblaient hier ravis de présenter cet immense musicien français au Théâtre Maisonneuve et d’inaugurer une dernière fois cet événement qu’ils avaient fondé ensemble aux côtés de Denise McCann et feu Alain de Grosbois.

Le grand accordéoniste s’exécuta d’abord aux côtés du contrebassiste américain Ron Carter, célèbre depuis plus d’un demi-siècle alors qu’il était un membre régulier du Miles Davis Quintet. La relation entre Galliano et Carter remonte à 1990 ; les deux musiciens avaient alors enregistré Panamanhattan, premier d’une série d’enregistrements en duo et autres configurations dont on a pu goûter des extraits de choix.

Trois décennies plus tard, la relation était intacte : blues, jazz, européanité, américanité, articulation hallucinante à l’accordéon chromatique, soutien rythmique tout simplement idéal de la contrebasse, sans compter un solo mêlant un air country et le Prélude en do majeur Bach, rien de moins.

À son tour, Galliano a offert un solo composite entre musique baroque (aria inspirée Bach) et Astor Piazzolla citant à souhait son chef-d’œuvre Libertango. Les deux comparses poursuivront avec Tango pour Claude, rencontre virtuelle entre Nougaro et Piazzolla imaginée par notre hôte. Le soliste et le contrebassiste concluront ce premier volet du concert en blues, en jazz, en baroque.

La seconde partie du concert fut un vibrant hommage à Michel Legrand pour accordéon et ensemble de cordes montréalaises, soit le Quatuor Molinari renforcé du contrebassiste Éric Lagacé.

Ainsi on se sera délecté des arrangements (relativement sommaires) et solos de Galliano inspirés des classiques du regretté compositeur : d’abord Les parapluies de Cherbourg, Les moulins de mon cœur, Un été 42, La valse des lilas. On complétera le programme de compositions originales signées Galliano (La Valse à Margaux, Aurore, Un Portrait de Barbara), sans compter Les enfants qui pleurent de Michel Legrand (aussi interprétée par Claude Nougaro), The Go-Between et plus encore.

Un album de Richard Galliano bientôt fera état de cet hommage à Michel Legrand. En attendant… bon 40festival !

L’autre rive de Quiet River of Dust

PHOTO ROB GRABOWSKI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Richard Reed Parry

Le spectacle immersif Quiet River of Dust de Richard Reed Parry comporte deux volets présentés à la Satosphère. La première phase y avait été offerte fin 2018 ; la seconde est intégrée quotidiennement à la grille de concerts en salle du 40e FIJM.

Son exécution coïncide avec la sortie de l’enregistrement audio Quiet River of Dust, Vol. 2 : That Side of the River.

Qui plus est, demain et vendredi prochain, le musicien d’Arcade Fire et ses collègues proposent en fin de soirée des séances d’improvisation avec projections immersives dans la Satosphère et invités spéciaux — Patrick Watson, les frères Barr et Pietro Amato.

Pour le spectacle principal, le musicien d’Arcade Fire et ses quatre collègues (Laurel Spenglemeyer, Stefan Schneider, Jordy Walker, Corwin Fox) interprètent six des dix nouvelles chansons lancées le 21 juin dernier. Du Volume 1, la formation (chants harmonisés, guitares, basse, percussions, claviers, électronique, etc.) reprend trois pièces.

L’inspiration originelle de Richard Reed Parry provient de plusieurs longs séjours au Japon. Fasciné par le respect des humains, il y a aussi découvert la rivière « de la mort », cours d’eau qui était considéré par les parents mystiques d’enfants défunts comme une zone transitoire entre la vie et l’au-delà.

Contemplation de la nature, mythe nippon, ressenti métaphysique, évocations parentales et onirisme sont les affluents de cette immersion audiovisuelle. D’un point de vue sonore, les effets texturaux, généralement riches, calmes et parfois violents, sont bellement mis en relief par les interprètes, dont l’approche se trouve au confluent du cyberfolk et de l’ambient.

D’un point de vue strictement cinématographique, les images captées ne sont pas exceptionnelles, mais, dans ce contexte, on peut conclure à une immersion réussie. Si vous n’aviez pas assisté au premier programme l’an dernier, vous risquez fort de sortir ravis de cette plongée des sens. Cela dit, ce second chapitre ne modifie pas vraiment les perceptions du premier volet. Rivière tranquille oblige…

À la Satosphère, jusqu’au 6 juillet.