Un vent de folie a soufflé sur l’internet, vendredi, à la sortie de Map of the Soul : Persona, album très attendu du groupe coréen BTS. Déjà auréolé de succès, ce disque fera-t-il de la K-pop un genre mainstream à l’échelle planétaire ?

Immense succès

Un mois avant sa sortie, le nouvel album de BTS (pour Bangtan Sonyeondan ou Bulletproof Boy Scouts) était déjà un succès : le magazine Billboard rapportait en effet en mars que Map of the Soul : Persona s’était écoulé à 2,6 millions d’exemplaires… en prévente. C’est presque autant que les ventes totales de son disque précédent, Love Yourself : Answer, paru l’an dernier. 

« Map of the Soul : Persona est un disque important, en ce sens que c’est là qu’on verra si [BTS et la K-pop] peuvent devenir grand public en Occident », explique Jeff Benjamin, chroniqueur sur la pop coréenne au magazine Billboard. Il croit que le premier extrait, Boy with Luv, a les atouts pour frapper fort. « La chanson est très accessible et bénéficie de la collaboration de Halsey, chanteuse pop qui a elle-même eu un numéro 1 [Without Me] », dit-il.

Le délire en direct

Le vent de folie soulevé par BTS était facile à mesurer hier. Dès la matinée, les 7 chansons du nouveau disque figuraient dans le palmarès des 10 titres les plus populaires sur iTunes Canada. Sur YouTube, le délire se vivait presque en direct. Vers midi, le clip très coloré de Boy with Luv avait été vu 28 millions de fois sur la chaîne officielle du producteur de BTS seulement. Six heures et des poussières plus tard, le compteur affichait 50 millions de visionnements. Gonflés à bloc, des fans invitaient les autres à le faire grimper au plus vite à 100 millions.

Ça passe ou ça casse

BTS a présenté un prix à la dernière remise des prix Grammy et a fait la une du magazine Entertainment Weekly à la fin de mars. Jeff Benjamin croit que le premier passage du groupe phare de la K-pop, ce soir, à l’émission Saturday Night Live (SNL) est autrement crucial. « SNL a la réputation d’être le lieu où ça passe ou ça casse pour un artiste. C’est considéré comme une scène difficile, et il y en a pour qui ça s’est mal passé », rappelle Jeff Benjamin, citant le cas de Lana Del Rey qui, malgré une rumeur positive et un succès critique, a souffert à ses débuts d’un passage raté à cette mythique émission. Adele, au contraire, en a récolté les bénéfices. Qu’en sera-t-il de BTS ?

PHOTO KIM KYUNG-HOON, ARCHIVES REUTERS

Des admiratrices de BTS prennent des photos avec leurs affiches des membres du groupe, à Tokyo, au Japon, en novembre dernier. 

Un choc culturel ?

BTS a fait ses preuves : le groupe s’est produit un peu partout dans le monde et a classé deux albums au sommet du palmarès Billboard

« Il y a encore beaucoup de travail à faire avant qu’on puisse dire que BTS et la K-pop sont un phénomène grand public », juge cependant Jeff Benjamin. 

Une partie des gens est encore réfractaire à la pop chantée dans une autre langue que l’anglais, selon lui, et ce, même si, sur le strict plan musical, la K-pop mise sur des rythmes et un traitement sonore assez communs. « Le monde change, estime toutefois le chroniqueur. Le choc culturel ne peut que servir l’artiste à ce stade-ci. »

Phénomène social sur l’internet

L’essor des réseaux sociaux n’est sans doute pas étranger à celui de la K-pop. « Les fans sont très présents et ont de grosses répercussions sur les réseaux sociaux », juge Jeff Benjamin. BTS est aussi très actif sur l’internet et très engagé auprès de son auditoire, selon le journaliste. Et cette approche porte visiblement ses fruits. Sans être aussi universellement connu que Taylor Swift ou Lady Gaga, le groupe se produira dans quelques grandes villes occidentales, dont Los Angeles, Londres, Paris et Berlin, ces prochaines semaines. Pas dans des arénas de 20 000 places, mais dans des stades pouvant accueillir de 60 000 à 90 000 spectateurs. Et vous savez quoi ? Les billets sont presque tous vendus. Un tsunami, on vous disait.