Le festival-vitrine M pour Montréal a aidé à propulser de nombreux artistes locaux sur la scène internationale, en leur permettant de se produire devant des représentants de l’industrie musicale venus des quatre coins du monde. Les spectacles y sont pour beaucoup, mais le réseautage en coulisses permet aussi de faire connaître les artistes auprès des promoteurs et maisons de disques. La Presse s’est entretenue avec la chanteuse Claudia Bouvette et son agente, Laurie Chouinard, afin de discuter des dessous de cette vitrine musicale annuelle.

Quand Claudia Bouvette montera sur la scène de M pour Montréal, jeudi soir, elle fera face à son public, mais aussi, possiblement, à des professionnels de l’industrie. L’occasion qu’offre le festival, comme les autres événements en son genre, en est une en or. Son équipe, à Cult Nation, le sait. 

La maison de disques et de gérance, également productrice de spectacles, a également Charlotte Cardin sous son aile. Et c’est lors de son passage à M pour Montréal que l’étiquette Atlantic Records l’a repérée, raconte Laurie Chouinard, chargée de projets chez Cult Nation.

« Aujourd’hui, Cult Nation gère sa présence ici, mais elle a signé avec Atlantic, qui est un label majeur [en Amérique] », ajoute celle qui s’occupe de la gérance au jour le jour des carrières de Charlotte Cardin et de Claudia Bouvette. 

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Claudia Bouvette et son agente, Laurie Chouinard

L’équipe de Cult Nation, fondée en 2015, est petite, mais cela permet une relation plus étroite avec les artistes. « C’est Jason Brando, le fondateur et président, et moi, dit Laurie. Lui s’occupe plus de la vision créative, de la direction, et moi des opérations quotidiennes. »

Munie de son « badge pro », elle aura accès à tous les événements professionnels organisés par M pour Montréal. Brunchs, soupers et cocktails de réseautage, conférences et, surtout, concerts, un peu partout dans la ville. Toutes les occasions seront bonnes pour rencontrer de potentiels partenaires et faire des découvertes. 

« En gros, notre approche est axée sur deux volets : les rencontres et le réseautage dans l’industrie pour agrandir notre réseau et parler de nos projets, mais aussi la découverte de nouveaux projets », résume Laurie Chouinard. Avant la tenue du festival, des courriels sont envoyés, des rendez-vous sont pris, avec des acteurs tant locaux, avec qui ils ont déjà des attaches, qu’internationaux.

Par exemple, alors qu’elle discutait récemment avec le vice-président d’Amazon Music au Canada, Laurie a appris qu’il serait présent à M pour Montréal. À partir d’un contact qu’elle avait déjà, elle a créé un lien avec l’un des projets dont elle s’occupait. « Je lui ai parlé de Claudia et je lui ai dit de venir », explique-t-elle. 

Un brin de chance aussi

En juin dernier, Claudia Bouvette a participé à l’Indie Week, à New York, lors d’une vitrine propulsée par M pour Montréal, justement. L’occasion de faire parler d’elle, de montrer son potentiel. « Ça donne de la visibilité, dit Laurie Chouinard. Il ne se passe pas toujours des choses concrètes, mais on crée des connexions. On crée un effet d’écho. » Laurie Chouinard admet tout de même que Cult Nation n’a pas de plan précis et figé pour M pour Montréal. L’occasion de créer des liens se fera sur place, et les projets de leurs artistes sont sur une bonne voie. 

Les visées de Cult Nation sont de « concilier l’univers de l’industrie francophone, au Québec et en France, avec le marché anglophone, aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni. » Charlotte Cardin et Claudia Bouvette (qui chante en anglais) font de la musique qui se prête bien à ce développement international. Claudia souhaite s’exporter, et M pour Montréal fait partie de ces outils qui pourraient lui donner sa chance ou, au moins, la stimuler. 

Parlant de chance, il y a aussi de ça, dans tout cet exercice de réseautage et de prestations. « Ces festivals sont faits pour rassembler l’industrie de la musique, et des occasions se présentent tout le temps, affirme Laurie Chouinard. Peut-être que quelqu’un d’influence viendra pour le show après celui de Claudia et la découvrira en même temps. C’est ce qui est bien. »

Se présenter en concert

Claudia Bouvette vient de faire paraître son premier EP, Cool It. Une bonne base pour attirer d’éventuels partenaires en les invitant à aller la voir en concert, à entendre son matériel tout neuf. Cult Nation, par le truchement de Laurie surtout, se charge de tous ces éléments techniques. La chanteuse, elle, peut se concentrer sur son spectacle. 

« C’est important parce que Claudia, sur scène, c’est là qu’elle prend vie, dit Laurie. Elle a un disque formidable, mais sur scène, c’est incroyable. C’est pour ça que c’est important que de futurs partenaires voient sa prestation live. C’est là que ça se joue. »

De son côté, Claudia est contente de ne pas avoir à se soucier du train-train pratique qui entoure sa carrière, même si (parce qu’elle parle à Laurie presque tous les jours) elle est tenue bien au courant de ses affaires. « Une chance que je les ai, lance la chanteuse. Je suis l’artiste typique dans les nuages qui a besoin de se faire encadrer. »

Elle se dit également reconnaissante que son équipe croie en son projet et projette une vision pour sa carrière qui respecte son identité artistique. « Ils sont là pour m’aider à m’exécuter », résume-t-elle.

Si elle a toujours baigné dans la musique et voulu en faire sa vie (on se souvient de son passage à Mixmania 2, en 2011), son chemin a bifurqué vers le jeu pendant quelques années. La native de Bromont a joué dans les séries Jérémie et Le jeu, ainsi dans le film Charlotte a du fun (2017). « Mais depuis deux ans environ, je suis dans la musique, c’est là que je veux être, dit-elle. C’est super nouveau pour moi de me produire sur scène. Mon premier spectacle était l’été dernier. Je suis flattée d’avoir cette chance incroyable [de participer à M pour Montréal]. »

À l’Espace SAT, jeudi, 21 h, dans le cadre de M pour Montréal.

À voir dans les prochains jours

Lydia Képinski, Naya Ali et Prado

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Lydia Képinski 

Une soirée toute féminine est prévue à la Sala Rossa en ouverture de festival. La Canadienne Prado, qui a commencé en publiant ses mélodies sur SoundCloud, ouvrira le bal avec son R’n’B-pop alternatif. L’excellente rappeuse montréalaise Naya Ali suivra. Celle qui s’est surtout fait connaître après la parution de la chanson Ra Ra, en 2017, défendra son premier microalbum, Higher Self, sorti l’été dernier. Lydia Képinski, finalement, viendra clore la soirée, vers 23 h. Si son style n’a rien à voir avec celles qui la précéderont sur scène, Képinski pourra faire découvrir sa pop rythmée et ses ballades aux admirateurs de Naya Ali (et inversement). C’est ce qui est bien avec M pour Montréal : une affiche éclectique, prétexte idéal aux belles trouvailles musicales.

À la Sala Rossa, mercredi, 21 h.

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Vince James, Rowjay, Tizzo, Charlie Shulz et plus

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Vince James, Rowjay, Tizzo, Charlie Shulz

Soirée éclectique s’il en est une, vendredi. Le Belmont promet une soirée (et une nuit) allant du rock au rap, en passant par l’électro et la pop. Le Montréalais Miko montera sur la petite scène en premier à 22 h, tandis que DJ Charlie Shulz sera le neuvième et dernier de la soirée, avec des « beats » hip-hop entraînants dès 2 h. D’autres artistes locaux suivront, dont Vince James, qui propose un rock psychédélique très intéressant teinté de blues et de soul. Celui qui a fait la première partie d’Half Moon Run avec son groupe offre un spectacle à ne pas manquer. Quant au rappeur Tizzo, il est le lauréat du prix de la SOCAN cette année. Hologramme, Willygram, GrandBuda, Rowjay et David Lee seront aussi de la soirée.

Au Belmont, vendredi, 22 h

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Clay and Friends, Foreign Diplomats et Ponteix

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Clay and Friends

Le Fransaskois Mario Lepage, alias Ponteix, viendra chanter son français des plaines canadiennes assumé et poétique. S’il roule depuis quelques années, il a sorti plus tôt en 2019 son premier album, Bastion. Le rock progressif et les synthétiseurs de Ponteix laisseront ensuite la place aux rythmes reggae de Clay and Friends, quintette hip-hop funk dont l’entrain sur scène est contagieux et fait toujours plaisir à voir. Avec Foreign Diplomats, le rock indie s’amènera en toute fin de soirée. Le groupe, venu des Laurentides, installé à Montréal, se munit d’une touche d’électronique, alors que le trombone, le clavier et la guitare rythment ses textes plutôt sombres (mais qui font tout de même bouger). 

À L’Escogriffe, samedi, 20 h.

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Mundial Montréal

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Caracol 

Le neuvième festival de musiques du monde Mundial battra son plein en même temps que M pour Montréal. Avec des artistes canadiens et quelques figures internationales à l’affiche, Mundial défend le même mandat que M pour Montréal, soit l’établissement d’une plateforme de réseautage pour les artistes, programmateurs et autres représentants de l’industrie. Au programme, durant quatre jours, on retrouvera Caracol, Blick Bassy, Nomadic Massive, Mamselle Ruiz et de nombreux autres talents à découvrir. Musiques africaine, indienne, autochtone, espagnole, latino-américaine, coréenne et scandinave au rendez-vous.

Du 19 au 22 novembre.

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