Certains se rendaient au concert à reculons, d’autres avec enthousiasme… Les allégations de harcèlement sexuel et d’inconduite sexuelle portées contre Patrick Bruel ont fait du bruit parmi les amateurs de sa musique mercredi soir au Centre Bell, où il donnait un spectacle.

Les allégations ont provoqué un tollé en Europe comme au Québec. Une esthéticienne accuse Patrick Bruel d’avoir eu un comportement déplacé envers elle pendant une séance de massage. Plusieurs femmes ont également témoigné contre le chanteur et acteur français dans les dernières semaines.

Les admirateurs n’ont pas tardé à réagir. Sur les réseaux sociaux, ils étaient nombreux à vouloir vendre leurs billets pour le spectacle de M. Bruel au Centre Bell. Beaucoup ont décidé de boycotter l’événement en signe de protestation et de soutien aux victimes.

À la dernière minute, Gisèle Dupuis a décidé de se rendre au concert du chanteur qu’elle admire tant. Elle hésitait, mais une amie bien informée lui a assuré que les allégations étaient fausses, a-t-elle confié. « Il est innocent jusqu’à preuve du contraire. Je vais profiter de la soirée », a-t-elle indiqué hier soir. Quelques mois plus tôt, Mme Dupuis sautait de joie à l’idée d’être parmi la foule qui allait accueillir Patrick Bruel au Centre Bell.

L’euphorie a fait place à une remise en question à l’annonce des allégations. « Ça m’a dérangée grandement, car je suis très féministe. Puis je me suis demandé : est-ce qu’on est une société de droit ou est-ce le jugement public qui va condamner quelqu’un à jamais ? » Elle laisse la justice s’en occuper. « Mais ça m’a choquée énormément au début », a répété Mme Dupuis, qui a regretté l’achat de son billet lorsque la nouvelle l’a frappée de plein fouet.

« Ça me dérange », a avoué Gina Matteo. Comme tous les admirateurs, au moment d’acheter ses billets, elle ignorait tout des gestes dont allait être accusé M. Bruel. Sa tentative de se faire rembourser s’est soldée par un échec, a-t-elle déploré en soupirant. « Malheureusement, je dois être ici. Je n’ai pas le choix. » C’est le deux poids, deux mesures entre la France et le Québec qui surprend surtout Mme Matteo. « Ici, Éric Lapointe est déjà condamné. Et lui [Patrick Bruel], il a le droit [de donner des concerts]. Je trouve ça injuste. »

Innocent pour le moment

Patrick Bruel est innocent jusqu’à preuve du contraire, ont dit d’une même voix Guy Cousineau et Line Vallières. Le couple avait tout de même pris le temps de discuter de la situation avant de se rendre au spectacle mercredi soir. Pour eux, trop peu de détails étaient connus pour qu’ils se désistent d’un concert. « Ça [les allégations] m’a surprise, car je n’avais jamais entendu quelque chose de négatif sur lui en 20 ans », a dit Mme Vallières, dubitative.

« Je n’y crois pas. Absolument pas », a pour sa part tranché Janie Cohen-Cayerman. Accompagnée de son mari, elle avait l’intention ferme de profiter de sa soirée. Pour celle qui vit entre Marseille et Toronto, Patrick Bruel n’a « pas besoin de supplier des femmes pour avoir des massages et tout ce qu’il a envie d’avoir ». Elle s’étonne que des gens aient décidé de revendre leurs billets.

En France, on dit beaucoup de choses, mais on ne prouve absolument rien. Les soi-disant témoins, elles sont certainement grassement payées pour pouvoir raconter n’importe quoi sur lui.

Janie Cohen-Cayerman

Tous n’étaient pas cet avis. « Si on avait pu obtenir un remboursement, on l’aurait pris. Il y a plusieurs allégations venant de personnes différentes qui décrivent le même comportement », affirme une jeune fille accompagnée de sa mère. Elles ont préféré ne pas être nommées, mais ont admis être peu enthousiastes à l’idée d’assister à la performance d’un chanteur qu’elles admiraient auparavant.

L’enquête concernant les accusations visant le chanteur se poursuit actuellement. Il sera également en concert à Québec le 9 novembre.